C'est une première: jamais un débat télévisé n'avait eu lieu avant une élection britannique. Ce soir, pendant 90 minutes, Gordon Brown, David Cameron et Nick Clegg, les trois principaux candidats, feront l'histoire, en s'expliquant en direct face à un public trié sur le volet.
A en croire un sondage, 6 Britanniques sur dix vont le regarder. L'élection se jouant de peu -une perte ou un gain de deux points des conservateurs ou des travaillistes pourrait tout changer- le poids de ce débat est réel. Chaque candidat joue d'ailleurs à limiter les attentes, de peur de décevoir. David Cameron se dit "nerveux". Gordon Brown reconnait que la présentation n'est pas son fort. Quant à Nick Clegg, il n'a rien à dire tellement peu de gens l'attendent comme une révélation.
Pourtant, peut-être est-ce spécifique à l'Ecosse, où je me trouve actuellement en reportage, mais il est quasiment impossible de trouver un pub qui diffuse le débat. "Trop ennuyeux", répond-on derrière le comptoir. "On va au pub pour regarder des matchs de foot, mais franchement, de la politique...", m'explique un observateur politique local. Bref, on ne peut pas dire que cela passionne vraiment les foules.
C'est le paradoxe de cette élection. Alors que les conservateurs pourraient revenir au pouvoir après 13 années d'opposition, tournant une page d'histoire, presque personne ne s'enthousiasme. L'explication: un discrédit général jeté sur la classe politique, renforcé par le scandale des notes de frais des députés; et l'impression que la différence entre conservateurs et travaillistes est très limitée. L'impression aussi qu'aucun des trois partis ne dit la vérité sur les coupes budgétaires inévitables à venir. Le débat télévisé pourrait avoir de l'importance pour faire pencher la balance, alors que les élections sont serrées, mais n'attendez pas à ce qu'il déchaine les foules.
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