L'inflation britannique s'envole

Avec une inflation à 3,7% en Grande-Bretagne, presque le double de son objectif de 2%, la banque d'Angleterre est sous pression pour augmenter ses taux. Ce serait pourtant une erreur, selon de nombreux économistes...
CPI : inflation (hors immobilier); RPI : inflation (immobilier et taxe d'habitation compris)

Pour Downing Street comme pour la banque d'Angleterre, c'est la pire des situations. Alors que la plupart des économistes prédisent un ralentissement de la croissance en ce début d'année 2011, l'inflation est en train de s'envoler. L'indice des prix à la consommation atteint 3,7% en décembre (sur 12 mois), contre 3,3% en novembre. Sur un mois, l'inflation a été de 1%, la plus forte progression entre novembre et décembre depuis que ces statistiques existent. Avec la hausse de la TVA de 17,5% à 20% en janvier, on se dirige tout droit vers une inflation à 4% dans les mois qui viennent.

Pour la banque d'Angleterre, dont l'objectif est de maintenir l'inflation autour de 2% à moyen terme, cela signifie que la pression pour augmenter les taux commence à être très forte, d'autant que ceux-ci sont historiquement bas à 0,5%. Chaque mois, Mervyn King, son gouverneur, est obligé d'envoyer une lettre au chancelier de l'Echiquier pour s'en expliquer (il est forcé d'agir ainsi quand l'inflation dépasse 3%). Le chancelier, George Osborne, ferme les yeux, bien content qu'un peu d'inflation érode la dette britannique. De plus, il craint plus que tout qu'une hausse des taux trop brutal ne vienne briser la reprise économique.

Pour l'instant, Mervyn King est plutôt rassurant et indique que l'inflation devrait redescendre rapidement. Selon lui, la hausse de l'inflation s'explique pour une succession de facteurs temporaires: hausse du pétrole, du chauffage (généralement au gaz en Grande-Bretagne), des prix alimentaires, de la TVA début 2010 (il faudra ajouter une nouvelle hausse de la TVA entrée en vigueur au 1er janvier 2011)... Les chiffres semblent lui donner raison. Plus de la moitié de l'inflation de novembre à décembre vient du secteur du transport, essentiellement à cause de la flambée du pétrole. 

Mervyn King, et la plupart des économistes, affirment donc que l'inflation n'est pas hors de contrôle, et surtout qu'elle devrait baisser à moyen terme, une fois ces chocs extérieurs absorbés. La faiblesse de l'augmentation des salaires plaide pour cette explication. Les économistes ne prévoient donc pas de hausse des taux de la banque d'Angleterre à très court terme. Mais jusqu'à quand?

"Il y a une probabilité de plus en plus forte que le comité de politique monétaire agisse avant le 4ème trimestre, et même peut-être avant le milieu de l'année", estime Howard Archer, économiste à Global Insight. Cependant, Chris Williamson, économiste à Markit, estime qu'une telle action ne serait pas efficace:  "le revenu réel des ménages baisse, le chômage est élevé et l'insécurité de l'emploi est généralisée, ce qui signifie que la demande devrait rester en berne pour un certain temps. Cela suggère que la hausse des prix ne passe pas aux salaires. Une augmentation des taux d'intérêt n'aurait donc que peu d'effet sur l'inflation."

Reste que la crédibilité de la banque d'Angleterre est en jeu. Peut-elle vraiment rester inactive, tout en faisant croire qu'elle maintient son objectif de 2% d'inflation? Son action dépendra en grande partie de sa réponse à cette question.

 

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Commentaire 1
à écrit le 25/01/2011 à 12:25
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l inspecteur Jacques Clouzot toujours prêt grâce a son fidèle serviteur Kato avait pourtant prévenu d une reprise en W. Et dire que l inflation permet de faire grimper artificiellement les chiffres de la croissance....Bien joue Briggs

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