La messe en si : un moment d'éternité

Le théâtre des Champs Elysées donnait une version de la messe en si de Bach samedi 20 octobre. L'oeuvre testament du cantor était notamment servie par deux excellents chanteurs : Joanne Lunn et Matthais Rexroth. Deux noms à retenir.
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Souvent décrite comme la plus grande oeuvre musicale de tous les temps et "de tous les peuples", la messe en si de Jean Sébastien Bach impressionne surtout par sa démesure. Terminée trois ans avant la mort du cantor, cette messe ne dure pas moins de deux heures, comporte 25 mouvements et aborde tous les styles de musique sacrée. Oeuvre tellement monumentale qu'elle n'a que très rarement été jouée en tant que messe, même si elle a été écrite à la seule gloire de Dieu.
La messe en si est, en fait, ce que l'on appellerait aujourd'hui un "patchwork" des morceaux préférés du maître. La pratique était d'ailleurs assez fréquente au XVIII eme siècle, les musiciens n'ayant pas pas toujours le temps de composer des oeuvres nouvelles tous les dimanches. En outre, Bach y voyait le moyen de faire réentendre des morceaux qu'il appréciait particulièrement et que l'on n'entendait plus. Nul doute que le maître a construit cette oeuvre tel un testament, y intégrant tous les thèmes qu'il a le plus chéri durant sa vie et parvenant ici à un idéal qu'il voulait léguer à la postérité.
Le résultat est à la hauteur de ses attentes. La messe en si nous plonge, telles les passions selon Saint Mathieu et Saint Jean, dans cet univers sacré si émouvant et mystique même si Dieu ne nous dit pas grand chose. La spiritualité de cette oeuvre c'est Bach lui même et ces thèmes musicaux qui nous renvoient à notre condition humaine et notre quête du sens de la vie. Lorsque l'on écoute la messe en si, on est Dieu et éternel. Que demander de plus ?
La version donnée samedi 20 octobre au théâtre des Champs Elysées était de très grande qualité et servie par deux excellents chanteurs : Joanne Lunn, soprano parfaite dans sa diction latine et au timbre non moins parfaitement posé et profond ; et Matthias Rexroth, magnifique voix d'alto que l'on n'arrive pas à oublier, surtout après "l'agnus dei", avant dernier mouvement, repris d'une cantate (BWV 11) qu'il interprète à la perfection. Sans doute l'un des moments les plus forts du concert.
Il y avait bien sûr aussi Pierre Cao à la direction de l'Akademie für Alte Musik Berlin avec son Choeur Arsys Bourgogne. Que l'on ne présente plus et qui n'ont pas failli à la règle.
 

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