La "Silver éconoplouf"

Chaque semaine, je termine ma chronique en promettant de démontrer l'inverse. Concernant la silver économie, je vais donc démontrer l'inverse en anticipant au-delà de cinq à dix ans.

La pyramide des âges montre une augmentation rapide du nombre de retraités jusqu'à environ 2030, date à laquelle tous les baby-boomeurs seront arrivés à la retraite. Il suffit de consulter les rapports du Conseil d'orientation des retraites pour constater que les hypothèses économiques étaient largement trop optimistes et que l'« effort » demandé aux retraités ne peut qu'augmenter.

En quelques années, le revenu moyen des retraités, qui est égal à celui des actifs, va devenir inférieur de 5 à 10 %. Les personnes entrant en retraite vont le faire de plus en plus tard, d'une part pour des raisons de durée de cotisations et de carrières hachées, d'autre part pour des raisons de montant de retraite faible lié à une baisse des droits dans le public et dans le privé.

Cela aura pour conséquence de diminuer le nombre de bénévoles (souvent jeunes retraités et diplômés) dans les associations, d'aidants et d'aides à la silver économie.

L'amélioration de la retraite des femmes, liée à leur hausse d'activité, profitera modérément aux couples du fait de l'augmentation des divorces, des unions libres, des familles recomposées, qui mettent moins leurs revenus en commun.

Le nombre de personnes âgées n'augmentera pas. L'espérance de vie va baisser, notamment chez les femmes, liée à l'augmentation de l'obésité donc des maladies cardio-vasculaires et à la consommation de tabac, déjà constatée aux États-Unis. L'espérance de vie en bonne santé n'augmente pas.

Chaque retraité induit la création de 1,3 emploi. Ces emplois sont essentiellement dans le médical et l'aide.

Sur le plan médical, le nombre de médecins en baisse va se faire cruellement sentir. Quant au personnel d'aide (aide de santé ou aide-ménagère), les exigences de diplômes et les charges de rémunération vont les rendre de plus en plus difficiles à financer à titre individuel ou avec l'aide de la collectivité.

Cependant, pour nuancer ces chiffres, il faut distinguer les seniors (du départ à la retraite à 75-80 ans), les cadors (de 75-80 ans à la fin de l'autonomie vers 90 ans), les mentors (les plus de 90 ans).

En distinguant ces trois temps, on distingue trois temps économiques : les seniors et la silver économie, les cadors et la casa économie (très souvent à la maison et peu de dépenses), les mentors et la médoc économie... Alors, la silver économie n'est pas ce que l'on croit. Sa balance est déficitaire.

Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013.

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Commentaires 3
à écrit le 15/04/2014 à 13:50
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Au cours de votre plongée, méditez sur les conséquences de la diminution de l'espérance de vie sur les rentes viagères et faites nous part de vos réflexions..... Indice: dans le futur, les plus riches (ceux qui épargnent et sont à même de toucher un...

à écrit le 01/04/2014 à 16:44
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Il n'y a retraite que si il y a eu cotisation et age légal de perception d'une pension sinon la retraite n'existe pas ou peut être pris a tout age!

le 06/04/2014 à 12:30
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Tout à fait. Donc on va vers des retraites plus faibles et plus tardives.

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