Parmi ses trois prétendants, c'est finalement Orange qu'a choisi Deutsche Telekom pour le marier à sa filiale, T-Mobile UK. Le groupe allemand et France Télécom, la maison mère d'Orange, ont trouvé un accord pour créer une coentreprise à partir de leur filiale britannique. La signature définitive devrait intervenir fin octobre.

A une vente simple, le groupe allemand a donc préféré la solution d'une coentreprise détenue à 50% avec France Télécom - qui y apporte Orange UK - afin de ne pas supporter seul le coût de la restructuration de T-Mobile UK. Deutsche Telekom va apporter T-Mobile sans cash ni dette dans cette nouvelle entité et lui faire un prêt de 650 millions d'euros, qui sera remboursé immédiatement à France Télécom. De son côté, Orange UK, la filiale du français arrive dans cette coentreprise avec un endettement net de 1,25 milliard de livres. Les deux groupes, annoncent espérer 3,5 milliards de livres (4 milliards d'euros) de synergies de cette fusion relutive dès 2010. Ces synergies vont notamment être réalisées sur les réseaux  (deuxième et troisième génération) puisque la coentreprise table sur 20% de stations et 35% de sites en moins avec un déploiement de couverture plus large et plus rapide. Mais ces synergies passeront également par des réduction d'effectifs, des effectifs portés actuellement à 19.029 salariés (dont 68% pour Orange UK).

La nouvelle entité ainsi créée totalisera 28,4 millions d'abonnés, soit 37% du marché outre-Manche, annoncent les deux groupes. Elle deviendra le premier opérateur du pays devant O2 (Telefonica) et Vodafone. Son chiffre d'affaires pro forma (sur la base de l'exercice fiscal 2008) s'élève à 7,7 milliards de livres (8,8 milliards d'euros) pour un excédent brut d'exploitation de 1,7 milliard (2 milliards d'euros), soit une marge d'exploitation de 21,6%.

Il est prévu que les marques T-Mobile UK et Orange UK coexisteront pendant au moins 18 mois afin d'atténuer l'évaporation de la base d'abonnés. A l'issue de cette période, le comité de direction de la coentreprise, détenue à parité 50/50, décidera de la nouvelle "stratégie de marque" à adopter, selon Tom Alexander, directeur général d'Orange UK, qui doit devenir le PDG de la nouvelle entité.

L'alliance entre les opérateurs français et allemand est conclue pour une durée de "trois ans" au moins, a indiqué le directeur financier de France Télécom Gervais Pellissier lors d'une conférence téléphonique organisée ce mardi matin. Il assure qu'elle n'aura aucun impact sur le niveau de liquidités (cash-flow) des deux groupes, ce qui permet à France Télécom de confirmer son objectif pour 2009 de générer 8 milliards d'euros de liquidités.

Cette naissance met fin à des mois de spéculation sur le repreneur de T-Mobile UK, Deutsche Telekom n'ayant pas fait mystère de sa volonté de céder sa filiale, trop petite pour trouver sa place sur le marché britannique. Avant d'arriver à un accord avec France Télécom, Deutsche Telekom a rejeté des offres des deux autres prétendants comprises entre 3,5 et 4 milliards de livres.

Pour les Allemands, cette fusion va leur permettre de ne pas supporter seuls le coût de la restructuration de leur filiale. Côté Français, la création de cette coentreprise lui permet de s'étendre au Royaume-Uni "sans débourser de cash et avec un argument de création de valeur qui milite clairement en faveur de l'opération, Orange reprend l'avantage sur Telefonica et Vodafone au UK et, par la même occasion, contribue à desserrer l'étau concurrentiel sur le marché britannique", résume l'analyste de CM-CIC dans une note publiée mardi.

A la clôture de la Bourse de Paris, le titre France Télécom a bien réagi avec une progression de 1,77% à 18,44 euros. C'est sa cinquième séance consécutive de hausse. L'enthousiasme est identique à Francfort où l'action Deutsche Telekom progresse de 1,9% à 9,63 euros.

(retrouvez le communiqué de France Télécom et de Deutsche Telecom).