L'orage est passé sur Wall Street, au moins temporairement. Au lendemain d'une forte baisse, les indices new-yorkais avaient pourtant ouvert en nette baisse. Le Dow Jones est ainsi repassé quelques instants sous la barre des 10.000 points, pour la première fois depuis le 6 mai. Il n'a pas plus clôturé sous ce seuil depuis le 9 février. La tendance s'est toutefois rapidement inversée et les marchés se sont finalement offert un rebond inespéré. Les opérateurs estiment que la baisse de ces derniers jours a été trop importante et disproportionnée. C'est notamment le cas des valeurs financières, qui ont très fortement progressé ce vendredi.

A la clotûre, le Dow Jones progresse de 1,25% à 10.193 points, le Nasdaq  prend 1,14% à 2.229 points et le S&P 500 gagne 1,50% à 1.088 points.

Sur les quatre premiers jours de la semaine, les places américaines ont chuté de près de 6%, plombés par les craintes persistantes au sujet de la situation budgétaire de la zone euro. Après la décision de l'Allemagne d'interdire partiellement les ventes à découvert, les dirigeants européens semblent plus que jamais désunis, ce qui inquiètent fortement les investisseurs. S'y ajoutent la révision à la baisse des prévisions de croissance en Espagne et l'adoption par le Sénat américain du projet de loi de réforme financière.

Du côté des valeurs, Dell s'effondre de 6,77% à 13,35 dollars. Le deuxième fabricant américain d'ordinateurs a enregistré entre février et avril une progression de 52% de ses profits, à 441 millions de dollars. Ils ressortent à 30 cents par action (hors exceptionnels), là où les marchés misaient sur 27 cents. Le chiffre d'affaires est également supérieur aux attentes. Il a augmenté de 21% sur la période, pour atteindre 14,9 milliards de dollars, contre 14,3 milliards attendus. Mais les marchés sanctionnent la marge brute de Dell, donnée particulièrement surveillée. Elle n'a progressé que de 0,2 point sur le trimestre par rapport au trois mois précédents, passant à 17,6%. Les investisseurs escomptaient 17,9%.

Les valeurs bancaires évoluent en très forte hausse malgré l'adoption par la réforme financière qui prévoit notamment la création d'un organisme de protection de l'épargnant. Le texte empêche également le sauvetage de grandes institutions financières aux frais des contribuables. Le Sénat doit maintenant fusionner sa version du projet de loi avec celle adoptée en décembre dernier à la Chambre des représentants. A Wall Street, Bank of America prend 4,38% à 15,97 dollars, JPMorgan progresse de 6,03% à 40,11 dollars et Citigroup gagne 3,31% à 3,75 dollars. Goldman Sachs s'adjuge 3,32% à 140,62 dollars, profitant de rumeurs sur un possible accord avec la justice américaine pour mettre fin aux accusations de fraude.

Google cède 0,49% à 472,67 dollars. Le groupe va enfin pouvoir procéder à l'acquisition du spécialiste de la publicité sur téléphones mobiles AdMob. La FTC (Federal Trade Commission) a donné ce vendredi son feu vert. Le géant de l'Internet avait annoncé ce rachat en novembre 2009. Son montant s'élève à 750 millions de dollars. La transaction devrait être finalisée dans les semaines qui viennent. Cette acquisition permet à Google de poursuivre son développement dans la téléphonie mobile, après le lancement de son système d'exploitation Android. Le groupe espère fournir aux annonceurs de campagnes mieux ciblées et donc plus rentables.

Abbott Laboratories progresse de 1,03% à 46,96 dollars. Le groupe pharmaceutique va racheter une filiale du groupe indien Piramal, pour 3,7 milliards de dollars. Il espère ainsi conquérir des parts de marché dans les pays émergents afin de faire face à la stagnation de ses ventes sur les marchés occidentaux. Abbott indique que cette opération n'affectera pas ses résultats cette année. Il déboursera immédiatement 2,12 milliards de dollars puis versera 400 millions de dollars par an pendant quatre ans, à compter de 2011.

Enfin, Gap gagne 1,89% à 22,15 dollars après avoir relevé ses objectifs annuels. Le groupe d'habillement mise désormais sur un bénéfice par action (BPA) compris entre 1,77 et 1,82 dollar cette année, contre une précédente fourchette allant de 1,70 à 1,77 dollar. Au titre de son premier trimestre, Gap a dégagé 302 millions de dollars de profits. Par action et hors exceptionnels, cela représente 43 cents, une performance en ligne avec le consensus. Le chiffre d'affaires est également conforme aux attentes, en hausse de 6% à 3,3 milliards de dollars.