Emploi des jeunes : il faut reparler de l’inadéquation des cursus académiques

Deloitte a publié fin janvier 2014 les résultats du troisième baromètre « L’humeur des jeunes diplômés ». Il est notamment question, encore, du cercle vicieux que représente l’accès au premier emploi. Dans son analyse, Jean-Marc Mickeler, associé DRH chez Deloitte, pointe l’inadéquation des cursus académiques aux besoins des entreprises.
(Crédits : REUTERS/Andrew Burton)

Deloitte a publié fin janvier 2014 les résultats du troisième baromètre « L'humeur des jeunes diplômés », réalisé avec l'Ifop auprès de 1001 jeunes titulaires d'un diplôme de niveau Bac à Bac +5 depuis moins de trois ans et en poste ou en recherche d'emploi dans le secteur privé.

 

Point positif dans un tableau qui s'est assombri depuis 2013 : les jeunes diplômés qui sont en poste sont plus confiants que les jeunes diplômés en recherche d'emploi et « expriment une large satisfaction vis-à-vis de la réalisation des promesses qui avaient pu leur être faites lors de leur embauche ». « Cette tendance est à la hausse, on s'en félicite, elle est le signe d'une prise de conscience des entreprises de la nécessité de mettre en conformité les paroles et les actes », commente Jean-Marc Mickeler, associé directeur des Ressources Humaines chez Deloitte. Toutefois, l'écart augmente entre les jeunes diplômés en confiance et ceux en défiance car ils ne sont pas en poste.

Une défiance étayée par des réalités

 

« Cette défiance n'est pas uniquement liée à la psychologie de la jeunesse française, elle est étayée par des réalités », ajoute-t-il. Et les réalités, abruptes, assènent leurs chiffres : 49% des jeunes diplômés de moins de trois ans sont en recherche d'emploi ; le marché se détériore pour eux puisque la durée de recherche dépasse cinq mois en 2014, soit sept semaines de plus qu'en 2013, et que la part de jeunes en recherche s'est accrue de quatre points en un an. De plus, le manque ou l'absence d'expérience est perçu par un jeune sur deux comme le principal facteur nuisant à l'employabilité.

 

Ces réalités renvoient à la question de la formation académique. La situation des diplômés des écoles de commerce et d'ingénieurs, qui obligent les étudiants à réaliser des expériences pratiques nombreuses, n'a rien à voir avec celle des étudiants issus de licence et de 3e cycle universitaire, fragilisés par le manque ou l'absence de stage : la moitié d'entre eux indiquent n'avoir eu aucun entretien.

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Oui à l'autocritique des entreprises, mais après ?
 

« Il est vrai que les entreprises doivent faire des efforts pour donner leur chance à des candidats qui n'ont pas eu l'occasion d'exprimer leur potentiel au travers d'un stage mais cela ne peut être un dogme, l'intérêt collectif de l'organisation doit être préservé. Toutes les entreprises doivent faire leur autocritique sur ce point, c'est indéniable mais on ne peut limiter la seule responsabilité aux employeurs », réagit Jean-Marc Mickeler.

Au-delà de cet aspect, il y a une nécessité de remise à plat de ce qu'est notre marché du travail, une nécessité de comparer ce que produisent un système académique et un système professionnalisant et résiliant, « c'est-à-dire de réfléchir dans la durée et d'adapter en permanence l'offre à la demande ».
 
« Éviter d'alimenter des filières dites 'bouchées' et valoriser davantage les filières manuelles »
 

Certaines filières sont encombrées sans offrir de débouchés. D'autres, comme les filières manuelles et informatiques, ont vu des pans entiers de métiers disparaître et, de fait, des compétences avec. « En informatique, on sait programmer ou non, on n'arrive pas à trouver des candidats qui savent le faire et on en arrive à importer des compétences », constate notre interlocuteur.

Enfin, la dévalorisation des filières manuelles, ce fléau culturel français, est aussi en cause. Réussir à créer une dynamique autour de ces métiers participe au règlement d'une partie des problèmes d'emploi. « Il faut penser des mesures d'application immédiate, de bon sens, d'adéquation, éviter d'alimenter des filières dites « bouchées » par exemple, mais il convient aussi de valoriser davantage les filières manuelles, filières courtes, considérées comme noble ailleurs. Cela renvoie à un changement nécessaire et profond de notre société », conclut-il.

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Commentaires 6
à écrit le 02/05/2014 à 16:23
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On nous dit qu'il manquerait nombre de profs par exemple en maths... il n'y aurait pas assez de candidats, le métier serait trop abstrait, la matière peu attrayante, les conditions de travail trop peu valorisantes ou bien le métier serait trop déconn...

à écrit le 26/04/2014 à 0:01
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L'inadéquation es parcours académiques, voila un bon sujet. Et si on parlait rassemblement des diplômés jeunes? A 60% de chômage... des questions se posent.

à écrit le 26/04/2014 à 0:01
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L'inadéquation es parcours académiques, voila un bon sujet. Et si on parlait rassemblement des diplômés jeunes? A 60% de chômage... des questions se posent.

à écrit le 23/04/2014 à 13:31
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En effet, on oublie la moitié des diplômés et on ne fait pas de croissance. C'est une société malade. Et on a un gouvernement qui réduit les dépenses sociales de 10 milliards, d'autant les dépenses de maladie... chômage en hausse, social en baisse! C...

à écrit le 23/04/2014 à 10:33
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à l’université revenir a une première année tronc commun plutôt que des filières ultra spécialisées pour des étudiants à peine sortie du bac et plein d'utopie. arts du spectacle, histoire de l'art, psycho, ..., à partir d'une L2 au minimum. Même pour...

à écrit le 17/04/2014 à 15:37
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et l'Humain dans tout çà ? les goûts du jeune, ses centres d'intérêt, ses qualités, ses capacités, ses atouts ? certains jeunes sont vraiment géniaux en communication ou en lettre ou dans des métiers manuels et artistiques, cela veut dire qu'ils n'on...

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