Pratiques l'"auto-psy"

Chaque semaine, découvrez les chroniques sur la vie au bureau réalisée par Sophie Peters. Anecdotes, conseils, expériences : pour sourire mais aussi mieux se sentir dans son job.

 

Après le « greenwa-shing » voici le « psywashing ». Le premier, vous connaissez ? Les spécialistes du développement durable qualifient ainsi les entreprises dont la stratégie dans ce domaine se réduit à de grandes déclarations. En somme à « laver plus vert ». Après avoir eu peur d'être accusées de polluer la planète, les mêmes grandes sociétés craignent d'être montrées du doigt parce qu'elles stressent leurs salariés. Et, voulant prouver leur bonne volonté, elles créent à leur intention des services de psy, comme chez Veolia.

 

Il y a aussi le « Ticket Psy ». Commercialisé par ASP Entreprises, il est remis par le médecin du travail et donne droit à 5 ou 10 consultations chez un praticien sélectionné par la société de conseil. La démarche est couverte par le secret médical, précise-t-on. Ouf, on a eu peur ! Le problème n'est pas que les individus aient besoin d'aller parler à quelqu'un. La question est de savoir si c'est le rôle de l'entreprise de fournir ce type de « service » à ses salariés. Je ne le crois pas. Le recours à un spécialiste est suffisamment médiatisé dans tous les milieux et il existe tellement de cabinets, y compris publics, que chacun peut soigner où il veut et comme il veut ses états d'âme. Et la garantie d'un travail psychologique de qualité tient beaucoup à la liberté de choix d'un thérapeute.

 

bonnes intentions

 

Quant aux troubles au travail, comme ils viennent, soit d'une situation personnelle difficile, soit de l'entreprise elle-même, est-ce vraiment d'elle que doit émaner la prise en charge ? N'est-ce pas juste une façon pour elle de se dédouaner ? Si c'est là que se pose le problème, ne vaudrait-il pas mieux prévenir ? par un management attentif ? que guérir ? Déjà, les bureaux regorgent de collègues bien intentionnés qui se prennent pour des psys en puissance, et qui jargonnent sur le stress d'Untel ou la somatisation d'Unetelle. Moi, j'ai envie de vous dire une chose : pratiquez l'autothérapie. Ce n'est pas le bout du monde, c'est une attitude mentale à adopter. Cela revient à se brancher en permanence, au bureau comme chez soi, sur ses ressentis. Et repérer ce qui heurte ou fait du bien. Une fois l'information recueillie, il s'agit d'en faire quelque chose. Commencez par enquêter : qu'est-ce que cela vous rappelle ? À quelle occasion avez-vous vécu cette même émotion ? Avec ou non la même intensité ? Pourquoi ne pouvez-vous pas sentir ce collègue ? Qui vous rappelle-t-il ?

 

Alors, petit à petit, émerge une conscience de soi. Grâce à elle, il est possible d'agir, de décider et de comprendre pourquoi des situations en apparence anodines déclenchent de tels chambardements. Tous les heurts relationnels ont beaucoup à nous apprendre? sur nous d'abord. Alors que nous nous en servons souvent pour juger l'autre. Et puis, dans tout ce que vous serez allé pêcher dans vos filets, il y aura des gros poissons un peu dangereux ou agressifs. Ceux-là, gardez-les précieusement, et avant qu'ils ne vous aient méchamment mordus, allez éventuellement les porter aux bons soins d'un thérapeute. Mais, s'il vous plaît, donnez-vous la peine de le chercher vous-même !

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