Malgré leur faible niveau, les taux américains devraient rester proches de leur plancher

L'action de la Fed et une demande structurelle forte devraient limiter leur remontée.

Ramenés à quelques encablures de leurs plus bas historiques par « l'assouplissement quantitatif » ("QE'"en anglais) de la Fed, les taux américains semblent arrivés à des niveaux insoutenables. Couplé avec l'objectif avoué de l'institution de faire remonter les anticipations d'inflation, ce constat avait fait dire la semaine dernière à Bill Gross, le patron du géant obligataire Pimco, que la baisse tendancielle de 30 ans des taux aux Etats-Unis avait vécu. Pourtant plusieurs arguments militent pour le maintien de bas taux d'intérêts.

Assèchement des liquidités

Dans l'immédiat, la mise en oeuvre du « QE2 » offrira un surcroît de demande important au marché des bons du Trésor américain, même en cas de signaux de reprise. L'importance du programme pourrait même créer des problèmes d'assèchement de la liquidité. « L'ampleur prévu du "QE2", ajoutée aux réinvestissements des titres hypothécaires, pourrait dépasser les émissions nettes de bons du Trésor, des agences fédérales, des agences de refinancement hypothécaire et des entreprises de la classe Investissement [les mieux notées par les agences, ndlr] », soulignent ainsi les minutes du Comité consultatif des emprunts du Trésor, publiées mercredi. Citant les incertitudes sur la fiscalité, le Trésor a d'ailleurs annoncé une pause dans la réduction de ses émissions nettes (voir graphique) permise par la hausse des prélèvements sur les entreprises.

A moyen terme, assureurs et banquiers devraient aussi soutenir la demande de bons du Trésor en raison des évolutions réglementaires. Selon une étude citée par le Comité consultatif, les règles de Bâle III devraient notamment créer d'ici à 2015 une demande supplémentaire de quelques 400 milliards de dollars de titres. « Il y a un déficit structurel de producteurs d'actifs obligataires sûrs qui avait été comblé avant la crise par la titrisation, mais qui s'est aggravé depuis », souligne un stratégiste taux. Si les taux directeurs de la Fed ne pourront rester proches de 0% indéfiniment, ce déficit pourrait même se traduire par une variante du « Bond Conundrum » de 2004 - l'anomalie soulignée alors par Alan Greenspan, l'ancien patron de la Fed -, quand l'institution avait augmenté ses taux de 200 points de base et le taux à 10 ans avait baissé de 70 points.

Si la Fed perd le contrôle des liquidités injectées, le « QE » pourrait néanmoins avoir à long terme pour effet une baisse excessive du dollar. Et donc un ajustement à la hausse des taux en raison de fortes pressions inflationnistes importées.

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