Le Japon : un pays à cheval sur une faille économique

Le séisme a frappé un Japon déjà accablé. Certains voient sa situation en trois D : dette, démographie, déflation.
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Une catastrophe telle que celle qui vient de frapper le Japon survient toujours « au mauvais moment », certes. Mais c'est particulièrement le cas pour un pays déjà accablé par d'autres maux. Cela fait vingt ans que son économie végète. Et elle a été particulièrement touchée par la récente crise mondiale. Le PIB s'est contracté de 1,2 % en 2008 et de 6,3 % en 2009. Sur l'ensemble de l'année 2010, la croissance s'est affichée à + 3,9 %, en raison des plans de relance lancés auparavant, mais au quatrième trimestre, l'activité s'essoufflait de nouveau, le PIB se contractant de 1,3 %. Les failles économiques sont encore nombreuses : les spécialistes parlent ainsi des « trois D » - dette (et déficit), creusés un peu plus par les plans de relance, déflation et démographie - de nature à brider l'action du gouvernement face à la nouvelle crise...

« Nous ne connaissons pas encore l'ampleur exacte des dégâts - la région de Sendai, la plus touchée, représente 1,7 % du PIB national -, nous ne pouvons donc que spéculer sur la réponse gouvernementale », remarquait vendredi Takuma Ikeda, senior économiste chez Nomura, à Londres. Or la dette publique atteint déjà près de 200 % du PIB, un niveau « insoutenable », selon le FMI, le plus élevé de tous les pays industrialisés.

Besoins de financement

Les efforts qui seront nécessaires à la reconstruction pourraient donc s'avérer ardus. Si la demande, faible, de même que l'investissement des entreprises, pouvait reprendre, ne serait-ce qu'en raison des nouveaux besoins, l'économie du pays, fondée en partie sur les exportations, serait forcément affectée, et il restera au gouvernement à trouver de nouvelles sources de financement.

Pour l'heure, les besoins de financement - de plus en plus lourds en raison des pensions versées à un nombre croissant de personnes de plus en plus âgées - sont assurés par l'épargne privée nippone. Mais l'agence de notation Standard and Poor's, qui a dégradé en début d'année la note souveraine du pays (à AA-), s'inquiète d'un tarissement de cette manne, à mesure que les plus de 70 ans (représentant 16 % de la population, le double d'il y a vingt ans) piochent dans leurs économies pour améliorer leur quotidien, privant par là même le gouvernement de ses ressources habituelles.

Il faudra donc séduire des investisseurs étrangers. Mais comment ? Les spécialistes de Pine Bridge Investment estiment certes que les détenteurs étrangers de dette japonaise pourraient passer de 5 % actuellement à 13,5 % en 2015, mais ils préviennent qu'en cette période de crise sur les dettes souveraines, les investisseurs étrangers pourraient rechigner. Pis, compte tenu de nouvelles tensions probables sur les finances du pays, sa note pourrait être encore abaissée, accroissant ainsi la méfiance des investisseurs.

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