L'embellie de la croissance risque d'être éphémère

La hausse de 1 % du produit intérieur brut au premier trimestre constitue à la fois une surprise et une bonne nouvelle. Certains clignotants pour les mois à venir sont cependant au rouge.
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Après sa bonne performance du premier trimestre, l'économie française saura-t-elle transformer l'essai ? Le produit intérieur brut a en effet progressé de 1 % entre janvier et mars, a annoncé l'Insee vendredi, surprenant la plupart des conjoncturistes. L'institut avait tablé sur une hausse de 0,6 % seulement. L'acquis de croissance est désormais de 1,6 %, ce qui rend parfaitement atteignable l'objectif du gouvernement d'une progression du PIB de 2 % en 2011. François Fillon ne s'y est pas trompé jeudi soir sur TF1, se félicitant d'un rythme de progression « deux fois supérieur » à celui enregistré Outre-manche. Mais si la Grande-Bretagne, ou l'Italie, vivent des heures difficiles (lire ci-dessous), le champion européen en matière de croissance n'est pas la France, mais l'Allemagne (+ 1,5 % au premier trimestre, + 4,8 % sur un an !).

L'Hexagone doit son bon premier trimestre à la variation des stocks, qui a contribué à hauteur de 0,7 point à la croissance. Pour Alexander Law, chez Xerfi, « la flambée des cours des matières premières a encouragé les entreprises à stocker », d'autant que les mouvements sociaux et les intempéries de l'hiver avaient agi comme un frein. Les efforts d'investissement (+ 1,1 %) ont aussi apporté leur pierre à l'édifice, tandis que le commerce extérieur a une nouvelle fois contribué négativement à la croissance (- 0,4 point).

Par ailleurs, le deuxième trimestre s'annonce plus décevant, avec une croissance qui se limiterait à 0,3 %, selon l'Insee. La consommation s'est bien maintenue au premier trimestre (+ 0,6 %) grâce à l'effet de traîne de la prime à la casse, mais montre des signes d'essoufflement si l'on considère l'investissement des ménages (- 0,3 %, après + 0,8 % le trimestre précédent). L'inflation (2,1 % en avril) est « un choc qui se rajoute à d'autres », estime également Axelle Lacan, économiste au Crédit Agricolegricole.

Austérité

Selon Alexander Law, « on fait face à une configuration qu'on n'avait pas même connue en 2008 avec le pic à 3,3 % d'inflation : une hausse de certains produits manufacturés ». Ainsi, « l'habillement, un secteur déflationniste, augmente ses prix sous l'effet des hausses de salaire en Chine et de l'envolée du cours du coton ».

Le taux de chômage reste également élevé, à 9,2 %, même si l'emploi reprend (lire ci-dessous), ce qui pèse à la fois sur la demande et les salaires. Inflation à la hausse et salaires à la peine : nul doute que le pouvoir d'achat pâtira de cette double peine. Enfin, la mise en place d'une politique budgétaire plus restrictive pèsera lourd : 1,4 point de PIB exactement en 2011, selon l'OFCE, qui qualifie la croissance française d'un mot : « austère ».

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