La vigueur de la croissance de la zone euro ne se transmet pas à sa monnaie unique

Après une tentative de reprise face au dollar, l'euro a renoué avec la baisse.
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La divine surprise de la croissance de la zone euro au premier trimestre et du démarrage de l'année 2011 sur les chapeaux de roues de ses deux poids lourds - l'Allemagne et la France - n'a que très momentanément fait sortir l'euro de l'ornière.

La progression du PIB des 17 pays de la zone euro a pulvérisé le haut de la fourchette des prévisions même les plus optimistes en faisant un bond de 0,8 % de janvier à mars, contre 0,3 % au cours des trois mois précédents, la croissance allemande enregistrant une performance exceptionnelle de 1,5 % et celle de la France de 1 %. Ce qui fait apparaître la croissance des États-Unis comme presque anémique, avec une hausse du PIB moitié moindre, de 1,8 %, mais en rythme annualisé, au cours de la même période. Après un rebond initial qui l'a entraîné au-dessus de 1,43 dollar, l'euro a rechuté jusqu'à 1,4070.

L'euro, qui a cédé plus de 5,5 % de sa valeur en tout juste une semaine, n'a plus les faveurs des investisseurs, même si l'histoire récente nous montre que des forces de rappel lui ont systématiquement évité le pire depuis le début de la tragédie grecque, dont les derniers soubresauts ont amplifié sa volte-face vis-à-vis du dollar. Car sa tentative avortée de rebond vendredi est intervenue dans un contexte où le retour de l'aversion au risque, alimenté par les secousses sur le marché des matières premières, a provoqué un brutal retour de bâton sur les monnaies à haut rendement et redonné de l'élan aux traditionnelles monnaies refuge et faiblement rémunérées que sont le dollar et le yen, assorties toutes deux de taux voisins de zéro.

Retournement des positions

Même si le « carry trade », la stratégie qui consiste à jouer sur les écarts de rendements, a temporairement pris du plomb dans l'aile, le plus sûr atout dont dispose la monnaie unique réside dans les perspectives associées à la politique monétaire de la Banque centrale européenne.

Alors que le jeudi 5 mai, le report de la deuxième hausse des taux de la BCE à juillet au plus tôt (alors que le marché attendait juin) a servi de détonateur au retournement des positions sur l'euro, deux membres du directoire de la banque centrale ont, depuis lors, pris des positions d'intraitables faucons. L'allemand Jürgen Stark et l'italien Lorenzo Bini Smaghi ont laissé entendre que les taux pourraient monter dès juin, malgré la rhétorique du président Trichet. La baisse récente de l'euro, qui accentue les pressions inflationnistes via les importations, pourrait, si elle devait s'accélérer, leur donner raison. Quoique la BCE n'ait pas intérêt à précipiter les événements. C'est sa crédibilité qui est en jeu.

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