L'euro est happé dans l'engrenage de la crise

L'euro est retombé à ses niveaux plancher d'il y a quatre mois face au dollar et au yen et a atteint un record de faiblesse face au franc suisse.
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Le plus vaste mouvement de fuite vers la qualité qu'ait connu la zone euro depuis sa création, mesurable par l'engouement que suscite depuis lundi le bund allemand, l'emprunt d'État à dix ans de référence des Dix-Sept, a commencé à provoquer des dommages collatéraux que rien n'aurait dû inscrire dans le calendrier. Car il a engendré un mouvement de panique qui conduit les investisseurs à se délester de tous les actifs susceptibles de comporter le moindre risque au profit de la sacro sainte dette germanique. Au premier rang desquels les titres de la dette publique de la France, potentiellement prochaine sur la liste des risques, après l'entrée en scène de l'Italie, qui ont creusé l'écart avec leurs homologues allemands. Le « spread » entre l'OAT à dix ans et le bund de même échéance a atteint un nouveau record historique mardi, le différentiel se creusant jusqu'à 74 points de base.

Seule une rumeur selon laquelle la Banque centrale européenne aurait recommencé à acheter de la dette des pays périphériques, après quinze semaines d'absence du marché secondaire, a permis de calmer un peu le jeu, par légère tension du bund interposée. Problème qui fragilise la France : 69 % des titres de dette négociables sont détenus par des investisseurs non-résidents, selon les statistiques de l'Agence France Trésor, contre seulement 60 % avant l'éclatement de la deuxième phase de la crise financière mondiale en 2008.

Vigueur du franc suisse

Autre victime de la défiance, l'euro lui-même, qui avait réussi à préserver son rôle de bouclier dans la période récente, faisant figure de ciment de la zone menacée. Mais là aussi les arbitrages sont inexorables : l'euro est tombé mardi à son plus faible cours depuis quatre mois face au dollar, pour ne plus valoir, au plus bas dans les transactions, que 1,3840. L'euro a également dérivé face aux deux monnaies refuge de l'actuelle planète financière, le yen et le franc suisse, qui pourtant ne rapportent rien. La monnaie unique a reflué à un plancher de quatre mois vis-à-vis de la monnaie japonaise, remontée jusqu'à 109,60, tandis que le seul franc (hors CFA) qui subsiste en profitait pour pulvériser un nouveau record de vigueur, en se hissant jusqu'à 1,1553. Arrivé à ce stade aigu de la crise, « investisseurs institutionnels, trésoriers d'entreprises et fonds souverains se précipitent pour réduire leur exposition à l'euro. Il devient tout à fait plausible qu'il retombe à son point bas de l'année atteint en janvier en dessous de 1,30 dollar », avancent les stratèges de FxPro. D'où l'importance du sommet extraordinaire de l'Union européenne que son président, Herman Van Rompuy, envisage de convoquer vendredi.

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