Les finances publiques de la France sous pression

Le déficit budgétaire de l'État est resté quasi stable à fin juin. Selon la ministre du Budget, le gouvernement est prêt à davantage d'efforts pour atteindre l'objectif de déficit à 4,6 % du PIB en 2012.
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Garder le cap. Alors que la crise des dettes souveraines emporte les marchés dans la tourmente, le gouvernement français s'emploie à tenir bon. Mardi, à l'occasion de la publication de la situation budgétaire de la France à fin juin, Valérie Pécresse a tenu le cap fixé la veille par le ministre de l'Économie François Baroin. Pour que la France reste dans le club désormais sélect des « triple A » (lire ci-dessous), elle ne « déviera pas d'un iota de [sa] trajectoire de redressement des finances publiques », a indiqué la ministre du Budget sur RTL, assurant que « le rythme des dépenses à fin juin est en ligne avec la prévision ».

De fait, la situation budgétaire de la France fait état d'une quasi-stabilité du déficit budgétaire au 30 juin à 61,3 milliards d'euros contre 61,7 milliards un an plus tôt. Le solde des comptes spéciaux (avances et opérations financières) s'est dégradé de 7,5 milliards d'euros du fait surtout des « décaissements du prêt octroyé à la Grèce ». Quant au solde du budget général, il s'est amélioré de 7,8 milliards d'euros, les dépenses totales ayant baissé de 9,9 milliards sur un an à 179,1 milliards d'euros. Pour autant, le gouvernement ne se risque à aucune extrapolation. « Nous sommes liés par nos objectifs de déficit [Ndlr : 5,7 % du PIB en 2011, 4,6 % en 2012 et 3 % en 2013] et nous ferons tout pour les remplir », rappelle-t-on à Bercy. Au-delà du débat sur la « règle d'or » (« La Tribune » du 9 août 2011), alimenté quotidiennement (alors que les candidats à la primaire socialistes affinent leurs positions, le député UMP des Yvelines Étienne Pinte a réclamé mardi un référendum), le gouvernement va devoir donner des gages pour atteindre ces objectifs. Pourra-t-il faire l'économie de mesures drastiques ? Même sans viser les 3 % du PIB dès 2012 comme le suggère le président du parti radical Jean-Louis Borloo, de nouveaux efforts devront sans nul doute être fournis.

Troisième trimestre morose

Selon Valérie Pécresse, le gouvernement ne procédera pas à « une augmentation générale des impôts » mais poursuivra une « politique d'économies sur les dépenses de l'État, sur les dépenses de la Sécurité sociale » ainsi que sur celles des collectivités locales et supprimera « en même temps » des niches fiscales. « 11 milliards d'euros d'économies ont été réalisés en 2011 sur les niches fiscales et 3 milliards le seront en 2012. S'il faut faire plus, nous ferons plus, notamment si un paramètre change, telle la croissance », avance-t-on dans l'entourage de Valérie Pécresse. Et justement, le troisième trimestre s'annonce plus morose que prévu (« La Tribune » du 5 août 2011), à tel point que la Banque de France a indiqué lundi ne tabler que sur 0,2 % de croissance contre 0,5 % prévu par l'Insee (qui publiera vendredi sa première estimation pour le deuxième trimestre). La pression s'accroît donc de toutes parts. Il y a un mois, la commission des Finances du Sénat s'interrogeait déjà sur la capacité de la France à respecter ses engagements. Pour réduire le déficit de 20 milliards d'euros par an, nul doute que le gouvernement devra donner un coup de rabot supplémentaire aux 468 niches fiscales et sociales existantes (François Baroin n'exclut pas d'aller jusqu'à 6 milliards d'euros d'économies en 2012) comme le préconisait en juin la Cour des comptes. Voire augmenter certains impôts ou rogner sur certaines dépenses sociales. Une gageure, à quelques mois de l'élection présidentielle.

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