Jean-Claude Trichet fait ses adieux en volant au secours des banques

Pour le dernier conseil des gouverneurs de son président, la BCE a fait preuve jeudi d'une certaine audace avec l'annonce de mesures non conventionnelles contenues dans sa boîte à outils.
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Qui eut cru au début de l'année que Jean-Claude Trichet devrait rejouer le rôle de pompier, en actionnant la lance à incendie, lors de la dernière réunion du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne sous sa présidence. De Berlin, où se tenait le second des deux conseils annuels « décentralisés » de la banque centrale de Francfort, au lieu de célébrer le sauvetage de l'euro et huit années de stabilité des prix, le français Trichet a repris les armes (non conventionnelles) pour tenter de conjurer la crise la plus grave de l'histoire de la zone euro, la plus grave aussi depuis la deuxième guerre mondiale, selon ses propres termes.

En dépit de l'aggravation de la crise de la dette et du coup de froid qui s'abat sur l'économie de la zone euro, il eut été imprudent de sa part d'appuyer sur la détente des taux, comme l'y incitait le FMI, après avoir été l'architecte d'un début de normalisation des conditions de crédit. L'inflation harmonisée des Dix sept est en effet remontée à 3 % en septembre, alors que la ligne rouge fixée par la BCE est de 2 % maximum. Trichet et ses pairs ont donc maintenu le principal taux directeur, le taux de refinancement, à 1,5 %, niveau sur lequel il stationne depuis juillet après deux hausses d'un quart de point qui l'ont fait décoller du plancher historique de 1 %. Le spectaculaire ne fait pas partie des armes de Trichet.

En revanche, toutes les mesures « non standard », comme il aime à les appeler, ont été actionnées pour ce clap de fin. Enjoignant les banques européennes à renforcer leurs bilans, la BCE va mettre tous les outils à leur disposition pour les aider à se refinancer. Elle a exhumé ses opérations à long terme, mises en sommeil en décembre 2009. La BCE procèdera ainsi à une injection de liquidités à douze mois, à taux fixe, avec allocation illimitée, en octobre, et innovera en décembre avec une opération analogue à treize mois. De même, elle poursuivra ses adjudications à six mois, ressorties des tiroirs en août dernier - sans calendrier précis pour l'instant - et continuera, lors de ses opérations de routine à une semaine, un mois et trois mois, à alimenter le système bancaire à taux fixe et en quantités illimités aussi longtemps que nécessaire et ce au moins jusqu'au 10 juillet 2012.

Cérémonie de clôture

À cet impressionnant arsenal s'ajoute la poursuite du programme de rachats de titres de dette des pays en détresse, en attendant que le Fonds européen de stabilité financière prenne - enfin ! -le relais. Le bouquet final prend la forme d'une relance du programme de rachat d'obligations sécurisées, pour un montant de 40 milliards d'euros entre novembre 2011 et octobre 2012. Ces obligations sécurisées sont pour l'essentiel des titres adossés à des créances immobilières, et indispensables à la survie de nombreuses banques spécialisées en Europe. La BCE avait conduit un programme d'achat similaire entre juillet 2009 et juin 2010 pour un montant total de 60 milliards.

Cette cérémonie de clôture de huit années de présidence, aussi sobre par sa forme qu'à l'accoutumée, n'en prend pas moins, sur le fond, des allures de feu d'artifice.

Le bilan de la BCE a grimpé de 77 %

À l'occasion de sa dernière intervention devant le Parlement européen en qualité de président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet a tenu mardi à rappeler l'extrême parcimonie avec laquelle la banque centrale a pour l'instant géré cette crise. Et ce, bien que la BCE ait dû acquérir un total de 160,5 milliards d'euros d'obligations d'État « périphériques » pour combattre la spéculation. « Nous avons un bilan qui a gonflé de 77 % par rapport à ce qu'il était avant la crise. La Réserve fédérale (américaine) a un bilan qui a gonflé de 226 % », a-t-il souligné.

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