Le franc suisse est plus efficacement bridé par sa banque centrale que le yen

La Suisse tentée par un relèvement du cours plancher qu'elle assigne à sa monnaie.
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La monnaie unique des Dix-Sept en pleine tourmente continue à narguer les plus pessimistes qui évoquent encore son explosion en vol. Car l'euro résiste à l'épisode actuel de turbulences, le plus sévère depuis le début de la crise il y a près de deux ans, avec beaucoup plus de force que lors des précédentes phases. Si l'euro s'affiche en légère baisse face au dollar, oscillant entre 1,37 et 1,38 dans les échanges de lundi, il reste particulièrement vigoureux face au franc suisse, mais aussi au yen, les deux ex- monnaies refuge en temps de crise que leurs banques centrales respectives ont décidé de mettre sous tutelle, en bridant leur fluctuation par une politique de change hyper dirigiste.

Rumeur sur le franc suisse

C'est ainsi que la monnaie helvète a dérivé à son plus faible niveau depuis deux semaines face à l'euro, pour se négocier à près de 1,24 au plus bas dans les transactions, sur une rumeur persistante. On prête en effet à Philipp Hildebrand, le président de la Banque nationale suisse, qui avait unilatéralement fixé un plancher à l'évolution de son franc face à la monnaie unique, à 1,20 le 6 septembre, la tentation de le porter à 1,30, estimant que le cours optimal de la monnaie nationale se situe entre 1,30 et 1,40. Une fourchette qui se rapprocherait de celle dans laquelle il avait évolué tout au long des onze premières années d'existence de l'euro, avant d'entamer mi-2010 une phase ascensionnelle particulièrement dommageable pour l'économie suisse, qui l'avait entraîné pratiquement à parité avec l'euro en août dernier. Niklaus Blattner, l'ancien vice-président de la banque centrale suisse a jugé lundi que la rumeur en question « n'était pas totalement irréaliste ».

Face au yen, l'euro est resté accroché au-dessus de 107, contre 105 avant l'intervention de change la plus musclée de l'histoire du Japon qui, lundi 31 octobre avait provoqué un décrochage de près de 5 % de la monnaie de l'archipel vis-à-vis du dollar par rapport au record historique de vigueur pulvérisé le même jour à 75,35. Après les 8.000 milliards de yens (plus de 100 milliards de dollars) engagés dans l'opération, la Banque du Japon aurait continué d'intervenir de façon sporadique et voilée tout au long de la semaine écoulée, aux dires des acteurs du marché des changes. C'est ce qui explique que le yen n'ait pas retrouvé le chemin de la hausse, comme lors de la précédente intervention de change. Mais, Jun Azumi, le ministre des Finances nippon qui a commandité l'action de la Banque du Japon, n'est pas Hildebrand et le Japon est autrement plus puissant économiquement que la Suisse. Les opérateurs déclarent guetter l'occasion de racheter le yen à bon compte.

Isabelle Croizard

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