Merkel s'entête sur la création d'une agence européenne de notation

Régulièrement accusées de jeter de l'huile sur le feu de la crise de la zone euro en dégradant la note des pays en difficulté, les agences de notations sont dans le collimateur des dirigeants européens. Dans une interview diffusée dimanche sur la chaîne allemande ARD, la chancelière allemande Angela Merkel s'est jointe au concert des détracteurs des agences en plaidant pour que l'Europe se dote « à moyen terme » de sa propre agence de notation. L'objectif : remettre en cause la domination des trois « grandes », Moody's, Standard and Poor's et Fitch, qui font la loi sur la planète financière.
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« Il est important à moyen terme que l'Europe ait aussi une agence de notation, car c'est un manque », a-t-elle déclaré, en prenant l'exemple de la Chine, qui a créé sa propre agence de notation. La chancelière a par ailleurs estimé qu'une telle agence devrait être créée par « l'économie européenne » et non par les États.

Cette idée d'un organisme européen fait son chemin chez les dirigeants de la zone euro depuis début juillet et la dégradation en catégorie spéculative de la note du Portugal par l'agence Moody's. Depuis, la note de l'Irlande et celle de la Grèce ont également été dégradées, accentuant la panique des marchés financiers sur la capacité de la zone euro à maîtriser la crise de la dette, qui menace de contaminer l'Italie ou l'Espagne. Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, avait alors déclaré début juillet qu'il fallait « briser l'oligopole des agences de notation » et « limiter leur influence », tandis que le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, s'était prononcé indirectement pour la création d'une agence de notation basée en Europe.

Risque de panique

L'allocution télévisée de la chancelière a aussi été l'occasion de revenir sur le sommet extraordinaire des dirigeants européens, qui se tiendra jeudi à Bruxelles. Lors de cette rencontre sous haute tension, les acteurs de la zone euro attendent des dirigeants qu'ils se mettent d'accord sur les modalités du deuxième plan d'aide à la Grèce, qui devrait s'élever, comme le premier, à 110 milliards d'euros. Le principe de cette deuxième bouée de sauvetage est acté, mais la zone euro ne s'entend pas sur les conditions de l'aide. Le principe du « rollover » reviendrait à faire un « défaut sélectif » selon les agences de notations, et suscite la méfiance de la Banque centrale européenne. Le rôle du Fonds européen de stabilité financière (FESF), et l'implication des créanciers privés font également débat.

Mais pendant que les débats font rage, la panique menace de s'emparer des marchés financiers. Le Premier ministre grec George Papandréou a estimé dimanche, dans une interview au quotidien Kathimerini, qu'il est « temps pour l'Europe de se réveiller » et d'aboutir à une solution viable pour sortir de la crise de la dette. La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, en déplacement dimanche à Athènes, a apporté le soutien de Washington à la Grèce contre le « cancer » de la crise de la dette, comparant l'action d'Athènes à « une chimiothérapie » pour regagner la confiance des investisseurs. La zone euro joue sa survie dans les prochains jours.

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