La France joue serré entre rigueur et risque de récession

Le gouvernement veut se donner un peu de temps avant d'annoncer un éventuel nouveau plan d'austérité.
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Annoncera ou annoncera pas ? Alors que tous les observateurs glosent sur les pistes d'un éventuel second plan de rigueur en France, le gouvernement semble vouloir se donner encore un peu de temps. Il n'est donc pas sûr que, lors de son intervention télévisée de ce jeudi soir, le chef de l'État annonce la nouvelle prévision de croissance pour 2012 et le calendrier de nouvelles mesures d'austérité. Selon son entourage, Nicolas Sarkozy ne donnera qu'une « direction ». La ministre du Budget, Valérie Pécresse, a d'ailleurs indiqué, mercredi en Conseil des ministres, que le gouvernement souhaite « avoir une vision plus claire, plus stabilisée des perspectives de la zone euro avant de revoir [ses] perspectives de croissance », au regard des prochains indicateurs économiques. « Rien n'est arrêté, hormis le fait que l'on ne touchera pas aux salaires et aux pensions des fonctionnaires », s'impatiente-t-on à Bercy, évoquant des « efforts structurels sur les dépenses et la compétitivité ».

Là est bien toute la difficulté pour le gouvernement français : tenir l'objectif « intangible » de réduction du déficit public à 4,5 % du PIB en 2012, rassurer les marchés et garder son triple A, tout en ménageant la croissance et... l'électorat de droite en cette veille de présidentielle.

« Remède miracle »

Basé sur un scénario de croissance de 1,75 % pour 2012, le plan de rigueur annoncé en août prévoit 11 milliards d'euros d'économies en 2012, répartis entre le budget et le projet de loi de finances de la Sécurité sociale (lire en page 7). Ne plus tabler que sur une croissance de 1 %, comme la plupart des économistes, implique de trouver entre 5 et 8 milliards d'euros supplémentaires. « Il n'y a pas de remède miracle, mais il faut sortir de l'idée qu'une baisse du déficit ne peut avoir que des conséquences récessionistes », nuance Nicolas Bouzou, directeur du cabinet d'analyse économique Asterès, qui estime que de nouveaux efforts peuvent être portés sur les retraites, les collectivités locales ou la santé. Les pistes ne manquent pas (« La Tribune » du 25 octobre) : suppression de nouvelles niches fiscales ou coup de rabot général, augmentation de la réserve de précaution de 6 % à 9 %, hauts revenus, dépenses sociales ou encore augmentation du taux de TVA. Sur ce point, évoqué depuis plusieurs jours (« La Tribune » du 19 octobre), le rapporteur du Budget à l'Assemblée, Gilles Carrez, est le premier à préconiser une hausse de la TVA quand le taux réduit à 5,5 % est injustifié ainsi que la création d'un taux intermédiaire (Bruxelles n'en autorise qu'un seul), entre 8 % et 12 %, notamment pour la restauration et le bâtiment. Une mesure qui serait pourtant exclue pour l'heure à l'Élysée.

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