Vives critiques après les incidents en marge de la finale de la Ligue des Champions

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Des incidents en marge de la finale de la ligue des champions ont donne lieu a 68 interpellations[reuters.com]
(Crédits : Gonzalo Fuentes)

PARIS (Reuters) - Les incidents survenus en marge de la finale de la Ligue des Champions de football remportée samedi soir par le Real Madrid au Stade de France ont donné lieu à 68 interpellations et provoqué un flot de critiques de la part de personnalités politiques de tous bords.

"Pas de dégradation, 68 interpellations", a écrit la préfecture de police sur Twitter après la rencontre qui a vu le Real Madrid remporter face à Liverpool, sur un score de 1 but à 0, la 14e Ligue des Champions de son histoire.

Le match prévu à 21h00 (19h00 GMT) a commencé avec 36 minutes de retard en raison d'incidents aux abords du stade, situé dans la banlieue nord de la capitale française.

Dans un communiqué publié dimanche, le ministère français des Sports dit déplorer les incidents ayant émaillé l'événement sportif et regretter que certains supporters munis de billets n'aient pu assister au match.

"La priorité est désormais de cerner très précisément les dysfonctionnements (...) afin d'en tirer toutes les leçons pour éviter que de tels incidents se reproduisent pour nos futurs grands événements sportifs internationaux", écrit le ministère.

Une réunion se tiendra lundi à 11h avec notamment l'UEFA, la Fédération française de football (FF), le Stade de France et le préfet de police de Paris, ajoute le ministère.

L'UEFA et le ministère français de l'Intérieur ont mis en cause la présence de supporters sans billet ou munis de faux billets qui ont entravé le déroulement des procédures à l'entrée.

"A l'approche du coup d'envoi du match, les tourniquets (pour entrer au Stade de France) du côté des tribunes réservées à Liverpool ont été bloqués par des milliers de spectateurs qui ont acheté des faux billets qui ne fonctionnaient pas", a expliqué l'instance européenne du football dans un communiqué.

"Des milliers de 'supporters' britanniques, sans billet ou avec des faux billets ont forcé les entrées et, parfois, violenté les stadiers", a écrit pour sa part sur Twitter le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

Des images de Reuters TV ont montré des policiers anti-émeutes pourchassant des supporters à l'extérieur du stade tandis que d'autres étaient escortés par les forces de l'ordre.

Des dizaines de supporters sans billets ont pénétré de force dans l'enceinte du stade en enjambant parfois des grilles et d'autres ont été repoussés par la police à coups de gaz lacrymogène, a déclaré un témoin de Reuters.

Selon un récit de la préfecture de police, les forces de l'ordre ont évacué à 22h10 environ 500 personnes qui se trouvaient dans un bar situé à proximité de la "fan zone" réservée aux supporters anglais, Cours de Vincennes à Paris.

"HONTE"

Sur décision des autorités, qui ont déployé plus de 6.800 policiers et militaires pour ce week-end à haut risque, les supporters ont interdiction de se rendre sur l'avenue des Champs-Élysées depuis jeudi et jusqu'à ce dimanche à 18 heures.

Les scènes de chaos diffusées par la presse et sur les réseaux sociaux ont provoqué des réactions indignées.

Pour la dirigeante du Rassemblement national Marine Le Pen, ces incidents sont le fait de "bandes de voyous que l'on connaît dans un département (la Seine-Saint-Denis, NDLR) hors de contrôle en matière de sécurité, au grand dam des habitants qui y vivent, qui sont des honnêtes gens."

La députée du Pas-de-Calais a demandé l'ouverture d'une enquête parlementaire.

"Dans tous les secteurs, on a le sentiment que l'Etat ne contrôle plus rien", a ajouté au Grand jury RTL-LCI-Le Figaro la finaliste des élections présidentielles de 2017 et 2022.

Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, y voit "un échec complet de la stratégie policière".

"Ce sont les débordements habituels. Les gens ont été traités comme d'habitude est traitée une manifestation à Paris, ou les Gilets jaunes, ou ce qu'on voudra. C'est-à-dire on tape dans le tas, on tire les lacrymos, on attaque les gens dans un bar", a déclaré l'ex-candidat à la course à l'Elysée sur RMC et BFM TV.

Sur Twitter, le député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a dénoncé "une honte pour la France !"

Le camp du président Emmanuel Macron a aussi exprimé son inquiétude, à deux ans des Jeux Olympiques de Paris.

"Échauffourées au Stade de France, bagarres dans les bars, espaces verts transformés en poubelles... Un constat : nous ne sommes pas prêts pour les JO Paris en 2024", a écrit sur Twitter Nathalie Loiseau, députée européenne du parti présidentiel.

L'ambassadrice britannique à Paris, Menna Rawlings, a salué "l'engagement de l'UEFA à enquêter". "Nous devons établir les faits", a-t-elle tweeté.

La finale de la Ligue des Champions devait se dérouler à la Gazprom Arena de Saint-Pétersbourg. Elle a été reprogrammée en France en signe de protestation après l'invasion de l'Ukraine par les forces russes le 24 février dernier.

(Reportage Elizabeth Pineau, Claude Chendjou, Julien Pretot et Fernando Kallas, avec la contribution de Michel Rose)