Les banques centrales poursuivent leurs hausses de taux sur fond de crise bancaire

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Illustration des billets de banque en dollars americains, francs suisses, livres sterling et euros[reuters.com]
(Crédits : Kacper Pempel)

LONDRES (Reuters) - Les banques centrales du monde doivent jongler avec la nécessité de ramener l'inflation sous contrôle en augmentant les taux d'intérêt et celle de calmer les marchés après les turbulences du secteur bancaire.

Au lendemain d'une hausse de taux limitée à 25 points de base aux Etats-Unis, les banques centrales de Suisse, de Norvège et du Royaume-Uni ont toutes relevé leurs taux.

Dix économies développées ont relevé leurs taux de 3.290 points de base au cumulé depuis le début du cycle. Le Japon fait exception en maintenant une politique ultra-accommodante.

1) ETATS-UNIS

La Réserve fédérale a relevé ses taux d'un quart de point mercredi, poursuivant ainsi son plus important durcissement monétaire depuis les années 1980.

Après avoir porté l'objectif de taux des fonds fédéraux à 4,75%-5,00%, elle a laissé entendre qu'elle pourrait bientôt interrompre le cycle de hausses. Mais son président, Jerome Powell, a toutefois averti que la lutte contre l'inflation continuait.

La Fed a par ailleurs rasséréné les marchés sur l'effondrement des banques Silicon Valley Bank et Signature Bank en affirmant qu'il n'y avait pas de faiblesse générale dans le secteur.

2) ZONE EURO

La Banque centrale européenne a relevé la semaine dernière son taux de dépôt d'un demi-point supplémentaires pour le porter à 3%, soit le niveau le plus élevé depuis octobre 2008.

Les investisseurs prévoient que les taux atteindront leur plus haut autour de 3,5%, malgré les craintes pour l'économie en zone euro liées au resserrement des conditions de crédit, les déboires de Credit Suisse et de SVB pouvant rendre les banques plus prudentes à octroyer des prêts.

"Nous devons maîtriser l'inflation d'une manière 'audacieuse et décisive'", a déclaré mercredi le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, un "faucon" influent au sein du conseil des gouverneurs de la BCE.

3) CANADA

Le 8 mars, la Banque du Canada est devenue la première grande banque centrale à interrompre le resserrement de sa politique monétaire face à l'atténuation attendue de l'inflation.

Elle a maintenu le taux cible du financement à un jour à 4,50%, après l'avoir relevé de 425 points de base au total, et anticipe que l'indice des prix à la consommation revienne à environ 3% en milieu d'année.

4) ROYAUME-UNI

La Banque d'Angleterre (BoE) a relevé jeudi son taux directeur d'un quart de point et dit s'attendre à ce que la hausse des prix s'atténue plus rapidement qu'auparavant, malgré la réaccélération inattendue de l'inflation le mois dernier.

Elle dit avoir constaté "des mouvements importants et volatiles" sur les marchés financiers mondiaux à la suite des turbulences bancaires mais que son comité de politique financière jugeait "résilient" le système bancaire britannique.

5) AUSTRALIE

La banque centrale australienne a relevé son taux directeur d'un quart de point à 3,6% en mars, un plus haut depuis mai 2012, mais a suggéré qu'elle en avait peut-être presque terminé avec le resserrement de sa politique monétaire alors que les dépenses de consommation ralentissent et que le risque d'une explosion de l'inflation faiblit.

La politique monétaire est "en territoire restrictif", a fait savoir le gouverneur de la RBA, Philip Lowe, en ajoutant que le conseil était prêt à réagir si les données soutenaient une pause.

6) NOUVELLE-ZELANDE

La Banque de Réserve de Nouvelle-Zélande (RBNZ) a ralenti son rythme de resserrement monétaire, augmentant en février ses taux d'un demi-point pour atteindre le niveau record de 4,75%.

Les minutes de la réunion ont montré que les responsables avaient envisagé une augmentation plus importante, de 75 points de base. La RBNZ a également maintenu sa prévision de taux final à 5,5% en déclarant qu'il était trop tôt pour évaluer les répercussions des graves inondations qui ont touché le pays en janvier.

7) NORVEGE

La banque centrale norvégienne a augmenté jeudi ses taux de 25 points de base à 3% et a indiqué que d'autres relèvements étaient à venir.

La Norges Bank a revu à la hausse ses prévisions sur les taux, prévoyant de les relever probablement en mai et en juin pour atteindre 3,5% d'ici l'été.

8) SUEDE

La Riksbank a relevé ses taux de 50 points de base en février pour les porter à 3% et a indiqué qu'une autre hausse était à prévoir.

L'inflation sous-jacente est restée très élevée en février, avec un taux de 9,3% sur un an, un niveau jamais vu depuis juillet 1991.

9) SUISSE

La Banque Nationale suisse (BNS) a augmenté son taux d'intérêt principal de 50 points de base jeudi à 1,5% et a déclaré que le rachat qu'elle a orchestré en urgence de Credit Suisse par UBS avait mis un terme à la crise.

Avec une inflation de 3,4% en février, bien au-dessus de la fourchette cible comprise entre 0% et 2%, la banque centrale a choisi de poursuivre ses efforts malgré les turbulences bancaires en procédant à sa quatrième hausse de taux consécutive.

La BNS a par ailleurs indiqué que d'autres hausses n'étaient pas exclues.

10) JAPON

La Banque du Japon, la plus accommodante des grandes banques centrales, a maintenu ses taux d'intérêt très bas lors de sa réunion de mars, la dernière du gouverneur sortant, Haruhiko Kuroda.

La BoJ n'a pas modifié sa politique de contrôle de la courbe des taux qu'elle utilise pour plafonner les taux d'intérêt sur la dette à long terme. Les investisseurs s'attendent à ce que le prochain gouverneur, Kazuo Ueda, mette fin progressivement à ce programme, peut-être dès cette année, car l'inflation dépasse l'objectif de 2%.

(Yoruk Bahceli, Samuel Indyk, Nell Mackenzie, Dhara Ranasinghe, Alun John, Naomi Rovnick, Harry Robertson et Chiara Elisei; graphiques par Vincent Flasseur, Sumanta Sen, Pasit Kongkunakornkul et Riddhima Talwani, version française Laetitia Volga, édité par Kate Entringer)