Le mouvement sportif français ne veut pas entendre parler de réforme

La débâcle des Bleus au Mondial n'est pas imputable à la gouvernance du mouvement sportif, selon le Comité olympique français. Le remaniement ministériel de l'automne devrait lui permettre de gagner du temps.

Même Jean-Pierre Escalettes l'admet. « Le modèle associatif pur et dur est dépassé en terme de gestion ». Cet aveu a été fait par le président de la Fédération française de football (FFF), qui doit remettre vendredi sa démission au conseil fédéral, lors de son audition à huis clos devant les députés mercredi. Alors que l'Equipe de France et la Fédération française de football traversent une crise profonde, le mouvement sportif craint une contagion des velléités de réforme du gouvernement dans le football à l'ensemble des disciplines sportives, et la mise en place de nouvelles règles.

Egalement auditionnée par les députés mardi, la ministre de la Santé et des Sports, Roselyne Bachelot, a admis du bout des lèvres que « les conclusions des Etats généraux du football » qui doivent se tenir à l'automne pourraient être « transposées dans des textes législatifs ». Ainsi, la ministre a-t-elle publiquement trouvé séduisante l'idée de l'ancien ministre des Sports Jean-François Lamour, qui consisterait à doter les fédérations d'un conseil de surveillance bénévole, préservant le rôle actuel du mouvement associatif, et d'un directoire, dotés de professionnels. « La loi de 2003 est largement suffisante puisqu'elle permet déjà d'adopter ce type de gouvernance. Ce sera à la Fédération de football de décider des mesures à prendre pour régler ses problèmes », s'est insurgé le président du Comité national olympique et du sport français (CNOSF), Denis Masseglia, à l'issue d'un conseil d'administration sur les problèmes survenus à l'Equipe de France en Afrique du Sud.

Pas de démission en bloc

Présentée comme solution idéale, notamment par le président de la Ligue de football et vice-président Frédéric Thiriez, le système alternatif de gouvernance, qui représente de fait une perte de pouvoir pour ses élus, n'a été adopté par aucune grande fédération.

La FFF n'est pas la seule à connaître l'échec sportif pour mauvaise gestion. « Le tennis est dans la même situation. L'équipe de France est auto gérée, les joueurs font ce qu'ils veulent et les résultats sont insuffisants», explique un proche de la FFT. En attendant, le mouvement sportif pourrait être tenté de gagner du temps. « Avant de faire des propositions, il faut réfléchir et ne pas se précipiter. Le football a la même gouvernance que d'autres sports où les résultats sont différents », a martelé Denis Masseglia. Le mouvement sportif pourrait miser sur le remaniement ministériel annoncé par Nicolas Sarkozy pour l'automne, pour voir fondre les projets de réforme gouvernementaux. La FFF, qui tient un conseil fédéral vendredi, doit donner une première réponse au remplacement provisoire de Jean-Pierre Escalettes. Une démission en bloc du conseil ne devrait pas avoir lieu. Mercredi soir, il semble que les membres du football amateur ne penchaient plus pour cette solution. Comme les représentants du football professionnel, tous doivent jeudi adopter une position commune.

Selon « Le Parisien » et « L'Equipe », un trio composé du directeur général de la FFF, Jacques Lambert, du président de la Ligue de football, Frédéric Thiriez, et du président de la Ligue amateur, Fernand Duchaussoy, était évoqué pour mener la réforme. Mais difficile d'imaginer que des dirigeants en place depuis des années mènent une transformation, qu'ils n'ont jusque là pas faite.

Une commission d'enquête sur l'organisation de la FFF

Une commission d'enquête va-t-elle bientôt se pencher sur la façon dont la Fédération Française de Football (FFF) a géré la participation de la France à la Coupe du Monde ? C'est le souhait des plusieurs députés UMP, parmi lesquels Michel Herbillon, Françoise de Panafieu ou et Marc Le Fur, qui ont déposé une proposition de résolution sur le sujet. « Le sélectionneur de l'Equipe de France a refusé de serrer la main du sélectionneur du pays organisateur [...]. Cet incident n'est que la suite d'une tragique aventure sportive caractérisée par la médiocrité, la suffisance et le manque de décence ? L'ultime incident a entaché l'image de la France dans le monde entier», expliquent les députés, qui doivent encore faire voter la résolution.

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