Financement : le parcours d'obstacles

Malgré la volonté affichée des pouvoirs publics et les aides mises en place, trouver des capitaux reste un casse-tête pour les créateurs ou dirigeants de micro-entreprises.
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Pour monter en 2008 son agence de services aux personnes âgées à Saint-Brieuc, Yvon Douarin avait besoin d'un prêt de 30 000 euros. « Je suis allé voir mon conseiller bancaire avec mon projet, mais il m'a dit non», raconte-t-il. Pourtant, le parcours de ce quinquagénaire plaidait pour lui : en 1992, il avait créé un bureau d'études dans la région, employant quatre salariés et travaillant pour une poignée de gros clients industriels, dont Alcatel. Et il avait même été élu président du Club des créateurs d'entreprises des Côtes- d'Armor. Mais en 2002, certains de ses donneurs d'ordres ayant délocalisé, il avait liquidé son entreprise pour devenir directeur général d'une autre PME. « J'ai décidé de passer outre et d'aller voir le directeur de la banque qui, au vu de mon parcours et de la notoriété de l'enseigne Âge d'Or Services dont je voulais devenir franchisé, m'a accordé mon prêt. » Aujourd'hui, son agence compte 300 clients et emploie 12 salariés.

Rassurer pour séduire
Un cas isolé ? Pas complètement. « Les TPE ont souvent de grandes difficultés à trouver des financements auprès des banques ou d'autres organismes », confirme Jean-Paul Le Brech, directeur général ad- joint du Conseil national du réseau CER France. Ce réseau comptant 320 000 clients propose du conseil multidisciplinaire (financier, juridique, comptable, etc.) aux dirigeants de TPE et PME.
Pour séduire son banquier, mieux vaut avoir un profil rassurant. C'était le cas de Guillaume Tostivint, diplômé de Sup de Co Reims qui, après huit ans chez IBM comme commercial et consultant, a voulu lancer sa propre entreprise, Curiosités, proposant des balades insolites dans Paris. « J'ai pu obtenir sans problème un prêt bancaire de 8 000 euros et une aide Oseo de 5 000 euros », assure-t-il. Mais nombre de créateurs peinent à convaincre leur banquier.
« Je suis allé voir plusieurs banques, raconte Cédrick Pommier, qui vient de créer une activité de coach sportif à domicile. J'avais besoin de 2 500 euros pour acheter du matériel et un scooter et j'avais déjà la moitié de la somme. Mais impossible d'obtenir un prêt, même de 1 000 euros, si on ne peut pas présenter plusieurs garants. »

Un prêt d'honneur
Alors le jeune homme s'est tourné vers l'Adie (Association pour le droit à l'initiative économique), qui lui a accordé un crédit de 3 000 euros sur 20 mois, dont un tiers à taux zéro. Cette association créée il y a vingt-deux ans par Maria Nowak s'est spécialisée dans le microcrédit pour aider les personnes en situation difficile à créer leur entreprise. « Notre cible, ce sont les jeunes, notamment dans les quartiers sensibles, les bénéficiaires de minima sociaux, toutes les personnes privées de moyens financiers, indique Emmanuel Landais, son directeur général. Nous leur accordons de petits prêts, 6 000 euros maximum, qui peuvent être complétés, pour les jeunes, par un prêt d'honneur afin d'atteindre 10 000 euros. Nous les accompagnons pour la création, puis pendant les deux ans de la durée du prêt, le but étant de les intégrer peu à peu dans une activité économique normale. » L'Adie finance environ 1 000 projets par mois et espère doubler son activité dans les cinq ans. Au final, entre les banques, le microcrédit ou Oseo les créateurs sérieux arrivent à se financer. Mais parfois au prix d'un vrai parcours du combattant.

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