Sarkozy prône une régulation mondiale du Net

Devant les grands patrons du Net présents à l'eG8 Forum, le chef de l'État a défendu le droit d'auteur à la française.
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À deux jours du G8 de Deauville, Nicolas Sarkozy a donné un avant-goût de sa vision de l'Internet. Le président de la République, qui s'exprimait mardi à l'eG8, un forum consacré au numérique qui se tient mardi et mercredi à Paris, a commencé par tenter de séduire un public composé des grands patrons mondiaux de l'Internet, d'Eric Schmidt (Google) à Rupert Murdoch (News Corp), en passant par Sunil Bharti Mittal (Bharti Airtel), ou Stéphane Richard (France Télécome;lécom). « Vous avez changé le monde au même titre que Colomb et Galilée, que Newton et Edison », a lancé le président.

Après cette mise en bouche, le chef de l'État, sans faire référence à la si peu populaire expression « d'Internet civilisé », a expliqué la nécessité d'introduire plus de régulation sur la Toile. « Alors qu'Internet abolit l'espace, je ne crois pas à des règles nationales. Il faut établir un socle de règles minimum au niveau mondial. Après le G8, j'espère aller au G20 puis devant l'assemblée des Nations unies », a-t-il expliqué, tout en se défendant de vouloir « contrôler » la Toile.

Pour illustrer cette nécessité réglementaire, Nicolas Sarkozy a mis en garde contre l'installation de « nouveaux monopoles », alors que le numérique a « renversé des situations acquises ». De manière à peine voilée, il s'est ainsi adressé à Google, qui détient une part de marché supérieure à 90 % dans la recherche sur Internet en France. Alors que les géants du Net échappent dans l'Hexagone en grande partie à l'impôt, le président a souligné la nécessité de traiter des questions « fiscales ». De son côté, le directeur exécutif de Google, Eric Schmidt, qui fait partie de la délégation de PDG qui va rencontrer les chefs d'État à Deauville, a mis en garde plus tard dans la matinée contre des « règles qui viendraient casser la croissance des entreprises ».

Rendez-vous jeudi

Surprise du discours, c'est surtout le monde de la culture que la régulation doit protéger. Nicolas Sarkozy a vanté les mérites du droit d'auteur à la française, n'hésitant pas à faire appel à Beaumarchais, qui a donné « aux créateurs les droits de propriété des oeuvres », garantissant « leur indépendance » et leur « liberté ». Écrivains, réalisateurs ou interprètes doivent donc recevoir la « juste rétribution de leurs idées et de leurs talents ».

Cette sortie du président du G8 sera-t-elle suivie par les autres chefs d'État, qui doivent rendre jeudi une position commune sur l'Internet ? Nicolas Sarkozy a admis que « la conception française du droit d'auteur » n'était pas la même « aux États-Unis ou dans d'autres pays ». Toujours est-il que le président, à un an de l'élection présidentielle, a été entendu par les représentants du monde de la culture présents sur place. Dans une table ronde consacrée à la « croissance et Internet », qui a suivi l'allocution présidentielle, la ministre de l'Économie Christine Lagarde a conforté le président de la République. « J'espère qu'entre Skype et Lady Gaga, il y a un espace qui protège le créateur », a-t-elle estimé.

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