Quand la photo devient fête

Cette nouvelle édition du Mois de la photo s'articule autour des collections de la Maison européenne de la photographie. Point de départ d'une multitude d'expositions dispersées dans les musées, galeries et centres culturels de Paris.
Vik Munik

Trente ans, ça se fête ! Et en grand, s'il vous plaît. Non pas pour recevoir des cadeaux, mais pour en donner. Et offrir aux Parisiens plusieurs mois de festivités autour de la photographie.

« Le Mois de la photo est d'abord une histoire de partage, confie Jean-Luc Monterosso, le directeur de la Maison européenne de la photographie (MEP), à l'origine de la manifestation. Partage des connaissances et du plaisir. Partage entre le grand public et le monde de la photographie. » Et plus encore cette année. Car Monterosso a eu l'idée géniale d'ouvrir les réserves de la MEP au public, en proposant aux institutions participant à l'événement de concevoir des expositions autour des trésors de cette collection. « C'est pour nous une manière de rendre aux Parisiens ce qu'ils nous ont donné puisque les photos de la MEP ont été achetées avec de l'argent public », souligne le directeur de l'institution.

L'idée a plu d'emblée. Plus de cinquante musées, galeries, centres culturels étrangers ont répondu présent. L'occasion d'expositions inédites comme celle organisée par Agathe Gaillard, la première galeriste parisienne à s'être uniquement consacrée à la photographie. Partant d'un étrange tirage de la MEP signé Jean-Philippe Charbonnier (1921-2004) figurant un enfant flou saisi non loin d'un lampadaire aux contours beaucoup plus nets, elle a rassemblé des images réalisées par des photographes d'aujourd'hui témoignant tous de la même « aberration visuelle ».

L'institut culturel italien de Paris a emprunté à la MEP des photos peu connues de Mario Giacomelli (1925-2000), pour compléter notre vision du travail du photographe. D'autres expositions permettent de suivre l'évolution d'un artiste comme Didier Ben Loulou remarqué pour ses photos de Jérusalem brûlées par le soleil. « Nous avons été parmi les premiers à acheter son travail, se souvient Monterosso. Aujourd'hui il arrive à pleine maturité comme le montrera la galerie Hagalleria en présentant nos photos aux côtés d'autres beaucoup plus récentes. »

La galerie David Guiraud déroule, quant à elle, un pan de l'histoire de la photographie en se focalisant sur New York. Et en proposant au public une balade dans la ville et dans le temps à travers des photos de scènes de crime de l'inégalable Weegee (1899-1968), mais aussi des tirages de l'humaniste Louis Stettner ou le journal intime visuel de Nan Goldin sur le Manhattan underground des années 1980.

Mais cette nouvelle édition du Mois de la photo agit aussi comme un miroir. En révélant ses trésors, la MEP pousse les autres institutions à se dévoiler. Car beaucoup ont puisé dans leur propre collection pour répondre à l'appel. On découvre ainsi une partie de l'ensemble rassemblé par le musée d'Art et d'Histoire du judaïsme. Plus étonnants encore, les trésors amassés par le musée de la Marine depuis le XIXe siècle. Et c'est Paris qui prend soudain une autre dimension. Et s'impose comme l'une des plus grandes capitales de la photographie. ?

Programmation complète du Mois de la photo sur www.mep-fr.org

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