L'Europe, c'est central !

Paris Photo regarde vers l'Europe centrale. La Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie et la Pologne sont à l'honneur de cette 14e édition du salon Paris Photo. Belles découvertes en perspective.
F. Drtikol

À l'Est toute ! Paris Photo poursuit son travail de défrichage des scènes artistiques étrangères. Place donc, cette année, aux artistes et aux galeries d'Europe centrale avec près de 100 photographes hongrois, polonais, slovaques, slovènes ou tchèques représentés par un tiers des galeries participantes, dont une petite quinzaine venue de cette région du monde. Ce qui promet, cette fois encore, d'extraordinaires découvertes.

« On a finalement une connaissance assez vague de l'Europe centrale à l'exception de quelques notions d'histoire ou de géographie », souligne Guillaume Piens, commissaire général du salon. Pourtant, ces pays, tous issus de l'ancien Empire austro-hongrois, sombrant sous le joug soviétique pendant la guerre froide, ont contribué à établir une nouvelle vision de la photographie. Et plus particulièrement la République tchèque et la Hongrie, cette dernière contrée ayant donné un nombre impressionnant de grands photographes pendant l'entre-deux-guerres. À commencer par Kertesz, Brassaï, Lucien Hervé, Laszlo Moholy-Nagy (représentés au salon par les galeries Vintage, Stephen Daiter, Stephen Bulger, Bruce Silverstein, Françoise Paviot, Sage Paris, Bernheimer Fine Old Masters ou Edwynn Houk). Sans oublier l'inégalable Robert Capa selon lequel « il ne suffit pas d'être hongrois pour être un grand photographe. Encore faut-il être juif hongrois ». Car la photo a été pour la communauté un formidable outil d'émancipation.

Les Tchèques sont également très entreprenants dans les années 1930, contribuant comme leurs homologues hongrois à la création d'une avant-garde en marche vers la modernité. En témoignent les tirages de Jaromir Funke, Frantisek Drtikol ou Josef Sudek que l'on pourra voir sur les stands de Howard Greenberg, Robert Koch et Johannes Faber.

« Les pays d'Europe centrale n'ont pas connu la même intensité photographique au même moment », poursuit le commissaire général du salon. En Pologne, c'est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que ça se passe. Lorsque le réalisme socialiste est imposé comme dogme officiel en 1948, les photographes entrent en résistance. Telle Zofia Rydet (1911-1997). Considérée par Piens comme la grande découverte du Salon, elle est passée du surréalisme au réalisme poétique à travers ses photomontages ou ses séries documentaires.

Tout aussi intéressante est la génération née au tournant des années 1970-1980. Elle n'a pas connu le communisme. Reste que l'histoire n'est jamais bien loin de ses préoccupations. Il en est ainsi pour le photographe slovaque Martin Kollar dont le travail en couleurs surfe à la frontière de la photo conceptuelle, documentaire et plasticienne.

Longtemps ignorée (à l'exception de la photo hongroise et tchèque) découverte au lendemain de la chute du mur de Berlin et aussi vite oubliée au profit de photos beaucoup plus exotiques et décoratives comme la chinoise, la photographie d'Europe centrale commence à peine à être achetée par des fondations des pays concernés ou par des collectionneurs privés. Les prix sont donc encore tout à fait abordables. Il faut ainsi compter 3.000 euros pour un vintage de Zofia Rydet (galerie Asymetria). C'est dire si cette 14e édition du salon Paris Photo mérite qu'on s'y attarde.

Du 18 au 21 novembre au Carrousel du Louvre. www.parisphoto.fr

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