La France championne des fusions-acquisitions dans les "cleantech"

Les opérations du deuxième trimestre sont moins nombreuses que l'an dernier, mais de plus grande taille. Pour la première fois depuis deux ans, la France fait jeu égal avec le reste du monde.
La Tribune Infographie

Le baromètre GreenUnivers-La Tribune du 2ème trimestre 2011 recense 67 levées de fonds et fusions-acquisitions d'importance, pour un montant de 8,2 milliards d'euros. Au deuxième trimestre 2010, on recensait 120 deals majeurs pour 4,9 milliards d'euros. Les opérations internationales ont été moins nombreuses qu'en 2010 mais de plus grande taille. Et pour la première fois depuis la création du baromètre en 2009, la France fait jeu égal avec le reste du monde, à la fois en volume et en valeur, avec 34 opérations comptabilisées pour un montant total de 4,1 milliards d'euros !

À l'international, le secteur du "smart grid" (réseaux intelligents) arrive en tête des fusions-acquisitions, avec 2,37 milliards de dollars, devant le solaire (1 milliard) et l'éolien (920 millions), puis le transport (770 millions), le recyclage (670 millions) et les biocarburants (350 millions). Les introductions en Bourse on repris à Wall Street, avec des opérations spectaculaires de start-up, souvent lourdement déficitaires. C'est le cas de la pionnière des biocarburants tirés des algues Solazyme, du fabricant de biocarburants à partir de copeaux de bois KiOR, ou encore de la star américaine de l'auto-partage, Zipcar.

Dans les fusions-acquisitions, on assiste à des opérations phares comme le rachat de Roth & Rau par le suisse Meyer Burger, qui crée le n° 1 mondial des équipements pour usines photovoltaïques, de Landis+Gyr par Toshiba dans le "smart grid", ou du spécialiste belge du recyclage du cuivre, Metallum Holdings, par un fonds américain.

De grosses levées de fonds se concentrent sur les constructeurs de voitures électriques déjà richement financés, les californiens Tesla et Fisker, tandis que les petites levées de fonds se font nettement plus rares.

Dans le solaire, la réduction des subventions un peu partout en Europe, notamment en France et en Italie, a accru l'intérêt des investisseurs pour les centrales déjà construites et assurées d'un tarif de rachat de l'électricité garanti sur vingt ans. Ils ont aussi misé sur de très grands parcs solaires ou éoliens en construction, dont le business modèle semble solide et, aux Etats-Unis, dans les projets qui bénéficient des crédits garantis distribués par le gouvernement Obama, qui vont bientôt cesser. Google a ainsi investi plus de 200 millions de dollars sur le plus grand parc américain et mondial en construction et 168 millions de dollars dans la future centrale solaire thermique Ivanpah de BrightSource.

A l'international, Siemens s'est illustré dans l'efficacité énergétique et la gestion intelligente de l'énergie, tout en se diversifiant dans le photovoltaïque à concentration et le smart grid, et en engrangeant des méga-contrats pour ses éoliennes "offshore", secteur où il prend un net leadership mondial.

De leur côté, les entreprises françaises ont été hyperactives ce trimestre. En valeur, les fusions-acquisitions, souvent réalisées à l'international, gonflent les chiffres. Les levées de fonds restent modestes, la plus importante est celle du fabricant d'éoliennes Vergnet avec 18 millions d'euros levés auprès du Fonds stratégique d'investissement (FSI) et du développeur breton Nass&Wind.

Si la France fait jeu égal avec le reste du monde, elle le doit essentiellement à un groupe : Schneider Electric. Le spécialiste de la gestion de l'énergie se renforce dans le smart grid et l'efficacité énergétique en rachetant l'indien Luminous, le chinois Leader Harvest Power Technologies et son OPA (encore en cours) sur l'espagnol Telvent. Résultat : trois des cinq plus grosses opérations du trimestre, pour un montant total de plus de 2 milliards d'euros.

Autre tendance forte, prouvant qu'elles ont gagné en crédibilité et deviennent des actifs stratégiques, les plus grands groupes de l'énergie s'intéressent de près aux énergies renouvelables. Le pétrolier Total a réalisé l'une des plus belles opérations du trimestre avec l'acquisition du fabricant américain de panneaux photovoltaïques SunPower pour 1,4 milliard d'euros ; il a également acquis les 50% qu'il ne détenait pas dans Tenesol. EDF de son côté, comme l'espagnol Iberdrola, a racheté sa filiale dédiée aux énergies renouvelables.

Le réveil de la chimie verte

Si les IPO sont revenues en force à l'international, ce n'est pas le cas dans l'Hexagone. Une seule entreprise française des "cleantech" a choisi de s'introduire ce trimestre, Global Bioenergies, qui a récolté 6,6 millions d'euros.

Suite au moratoire de décembre 2010 suivi d'une nouvelle réglementation moins favorable sur le solaire, de nombreuses sociétés des énergies renouvelables cherchent à se diversifier dans la biomasse ou le biogaz et lèvent des fonds pour faciliter cette évolution.

Enfin, même si les montants restent modestes, les levées de fonds se multiplient dans le secteur de la chimie verte. Sofinnova Partners ou encore le fonds corporate Aster (lancé par Schneider Electric et qui réunit aussi aujourd'hui Alstom et Rhodia) s'y intéressent de près.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 10/08/2011 à 15:50
Signaler
Des levées de fonds pour plus de 8,2 milliards d'euros et en 2 jours, ce n'est pas moins de 900 Milliards d'euros perdus en fumée ( le WK du 5 août ) ! Et, en face l'on tergiverse encore et toujours pour sauver de la famine 12 millions de personnes a...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.