PATRIMONIA : la reprise de l'inflation

La cible de 2 %, fixée par la Banque centrale européenne (BCE), est dépassée depuis plusieurs mois. Pour le capital des épargnants, c'est l'un des risques majeurs.
Copyright Reuters

On l'avait presque oubliée, mais l'inflation fait à nouveau parler d'elle. Après avoir été négative de 0,1 % en 2009 et positive de 1,5 % en 2010, elle dépasse 2 % dans l'Union depuis le début de l'année, soit la limite fixée par la Banque centrale européenne (BCE). Elle a été portée par la hausse du prix des matières premières et agricoles, mais également par le recours à la planche à billets, pour atteindre 2,2 % en France en rythme annuel à fin août et 2,5 % dans la zone euro.

Pour de nombreux experts, cette tension est passagère et l'inflation devrait demeurer à un niveau acceptable, autour de 2 %. Selon eux, il manque un ingrédient à l'emballement : il n'y a pas de hausses de salaires en Europe. Pour d'autres, au contraire, les étiquettes devraient s'emballer en raison de l'augmentation des prix, des salaires et de la demande de matières premières dans les pays en développement, qui se traduira par une hausse du prix des produits importés. Jean-François Boulier, président d'Aviva Investors France, en fait partie et invite « à se préparer à un tournant car, dans un scénario modéré, l'inflation pourrait remonter entre 3 et 4 % dans les pays développés ». À très court terme, ce risque de dérapage des prix paraît mince, alors que l'économie est atone. Mais il convient de surveiller l'inflation comme le lait sur le feu.

Des liquidités... pour le jour d'après

D'ores et déjà, à un peu plus de 2 % par an, elle ne fait pas l'affaire des épargnants qui ont placé leur argent sur des produits liquides. À 2,25 % net, le livret A ne rapporte ainsi plus rien en termes réels. C'est encore pire pour les livrets bancaires qui supportent impôts et prélèvements sociaux (32,5 % désormais) et rapportent environ 1,2 % net.

Cependant, si les prix repartent, ces placements à court terme seront les mieux placés pour en profiter, car le mouvement s'accompagnera d'une hausse des taux de la BCE (pour freiner l'envolée des prix) ; hausse qui se répercutera sur les rendements de l'épargne à court terme.

L'assurance-vie en euros pénalisée

Les vraies victimes d'une reprise de l'inflation, ce sont les obligations à taux fixe et les fonds en euros d'assurance-vie, car l'inflation entraîne les taux à la hausse et la valeur des obligations à la baisse. Mieux vaut donc ne pas en détenir, sauf des obligations indexées à l'inflation. Celles-ci offrent une très bonne garantie, mais elles se paient aujourd'hui très cher.

Le capital est protégé, mais l'effet d'inertie des portefeuilles ne permet pas aux assureurs d'adapter leurs performances aux niveaux des taux lorsqu'ils remontent. Dès cette année, l'équilibre sera précaire : les rendements sont attendus entre 2,2 et 2,7 % net de prélèvements sociaux, soit à peine plus que la hausse des prix...

Les solutions

- Des biens réels prisés
« Il faut revenir vers l'économie réelle et les actions, en choisissant des entreprises ayant une bonne capacité d'adaptation à la hausse des prix », estime Jean-François Boulier. Les obligations d'entreprises présentent aussi un potentiel, pour peu qu'elles soient à taux variable. Certains fonds positionnés sur l'inflation jouent l'ensemble de ces secteurs, ainsi que les matières premières : c'est la voie de la simplicité. Ajoutez à cela les biens réels comme les terres, les forêts, l'or ou l'art pour appuyer votre patrimoine sur du solide qui traverse le temps.

- L'immobilier en vedette
La vraie star des placements anti-inflation, c'est toutefois l'immobilier, dont la valeur et le rendement suivent généralement la hausse des prix. Pour peu qu'il soit acheté à crédit, c'est le jackpot : le poids des mensualités se réduit grâce à l'inflation, tandis que les loyers augmentent. En direct ou via des SCPI : un choix incontournable quand les prix s'emballent !

Commentaire 1
à écrit le 05/10/2011 à 14:45
Signaler
Immobilier : certes, ça suivra l'inflation à long terme. Mais à court ou moyen terme, avec la hausse des taux si l'inflation remonte fortement, ça va sans nul doute baisser fortement. Donc je pense que dans ce scénario d'inflation, il vaut mieux rest...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.