Les Rencontres financières organisées par Paris Europlace mardi et mercredi ont été l'occasion d'un tir nourri de la communauté financière à l'encontre des réglementations susceptibles de pénaliser le financement de l'économie. Michel Pébereau, le président de BNP Paribas, a ainsi dénoncé mardi « un millefeuille de régulations coûteuses ». « Nous soutenons l'objectif du G20 consistant à renforcer le système financier tant que cela ne met pas en danger la croissance économique », a-t-il appuyé. Mais lorsqu'il s'agit des ratios de liquidités prévus dans Bâle III ou la surcharge en capital que pourraient connaître les institutions financières jugées systémiques (les « Sifi »), le banquier se dit inquiet. Aujourd'hui, en Europe, 70 % des financements sont intermédiés, rappelle-t-il, appelant à un report de la décision sur une éventuelle surcharge pour les établissements jugés systémiques. BNP Paribas en ferait partie.
Bâle III, comme la surcharge en capital qui sera exigée des Sifi, signifie que « les établissements devront mobiliser deux, voire trois fois plus de capitaux pour un même montant de risques », a renchéri Frédéric Oudéa, le patron de Société Générale. « Aucun secteur n'a été confronté à un tel changement. »
« Équilibre optimal »
Propos intéressés ? Peut-être. Reste que les banquiers ne sont pas seuls à les tenir. Gérard Mestrallet, président de l'association Paris Europlace, défendant ses utilisateurs et notamment les entreprises, a lui aussi tenu un message d'alerte. Il a d'ailleurs écrit à Michel Barnier, le commissaire européen au Marché intérieur, pour exprimer ses craintes et demander une étude d'impact. Conscient de la nécessité de construire un système financier plus robuste, Gérard Mestrallet estime que le véritable défi est de trouver « l'équilibre optimal entre une meilleure régulation, une meilleure gestion des risques et la croissance économique ». Et de défendre la nécessité de pouvoir accéder aux financements au meilleur coût possible. « La réforme prudentielle aura un impact majeur, en réduisant le rôle de l'intermédiation et en accroissant celui des marchés ». Des questions se posent aussi, selon lui, sur l'identité des investisseurs de long terme puisque « Solvabilité II réduira l'investissement des assureurs sur les actions ».
Sur le marché obligataire, banques et États devraient se faire concurrence. De fait, Le patron de GDF Suez craint des effets immédiats sur le financement des entreprises et plus particulièrement des PME. Aujourd'hui, ces dernières sont quasiment exclusivement financées par les banques. Demain ? Toutes n'iront pas vers le marché. Ces réformes auront-elles un effet bénéfique ? C'est que la question que pose Gérard Mestrallet, en demandant une étude d'impact à Bruxelles.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !