Alger en panne de solution face à la colère de la rue

Les autorités peinent à contenir une situation économique et sociale explosive.
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Malgré son interdiction officielle et un déploiement exceptionnel des forces de l'ordre, la marche organisée par l'opposition a réuni samedi des milliers de personnes à Alger. Elle a appelé à une nouvelle manifestation samedi prochain. Même si ces opposants au régime, divisés, peinent à mobiliser la foule algérienne, nombre d'observateurs s'accordent à dire que la situation dans le pays peut basculer à tout moment, tant le marasme social, conjugué à l'immobilisme du président Abdelaziz Bouteflika, représente une poudrière prête à exploser sous forme d'émeutes.

Depuis plusieurs mois, le pouvoir est confronté à la montée de contestations sociales qui entretiennent l'instabilité en Algérie. Pour calmer cette grogne populaire, le gouvernement a annoncé début février plusieurs mesures, notamment un nouveau plan antichômage, après avoir jugulé l'envolée des prix des produits de première nécessité. Mais l'économie algérienne reste structurellement bloquée, en particulier à cause de la série de mesures prises par les autorités depuis 2008 pour réduire les importations et contrôler les investissements locaux et étrangers.

Corruption favorisée

Car en dépit d'une conjoncture économique favorable (155 milliards de dollars de réserve de change), l'Algérie ne parvient pas à créer des emplois durables. Les patrons du secteur privé se plaignent du blocage de leurs projets, des enquêtes fiscales, du marché informel, très développé, et des difficultés d'accès aux crédits bancaires et aux terrains.

« Les mesures du gouvernement ont étouffé financièrement les entreprises privées », affirme l'un d'entre eux. Dans le secteur public, de nombreux responsables refusent de prendre des décisions car ils redoutent de se retrouver en prison. Le président Bouteflika a promis de dépénaliser l'acte de gestion, mais rien n'a été fait.

L'instauration en 2009 du crédit documentaire comme unique moyen de paiement des importations a en effet favorisé la corruption dans l'administration, sans réduire la facture de l'importation. « Aujourd'hui, il faut arroser tout le monde pour obtenir un traitement rapide de ton dossier », affirme un importateur. Pour des raisons politiques, le gouvernement refuse de valider de nombreux projets d'investissement présentés par des groupes privés locaux comme Cevital (agroalimentaire, industrie), Dahli (immobilier) et étrangers comme Lafarge (ciment et plâtre), empêchant ainsi la création d'emplois et de richesses.

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