Se protéger d'investisseurs « inamicaux » en Europe ?

Pour Bruxelles, tous les investissements étrangers ne sont pas les bienvenus.
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Si le commissaire européen à l'industrie, l'Italien Antonio Tajani, cherche un nouvel exemple pour soutenir son exigence de contrôle des investissements étrangers effectués en Europe, il trouvera actuellement dans son pays natal beaucoup d'arguments pour son projet. Les quelques trois milliards d'euros investis l'été dernier par le pouvoir libyen du colonel Kadhafi dans la première banque italienne, Unicredit avaient certes causé la démission du chef de la banque, Alessandro Profumo, accusé par les autres actionnaires de ne pas les avoir prévenus de cette irruption au capital. Mais aucune réticence « stratégique » n'avait freiné Unicredit d'accepter cette manne financière.

Antonio Tajani dispose toutefois déjà d'assez d'exemples lui permettant de ne pas s'immiscer dans les affaires italiennes : en décembre dernier il s'était déjà publiquement inquiété de l'offre de rachat du groupe chinois Xinmao sur le fabricant de câble néerlandais Draka. Ce vice-président de la Commission européenne propose, sur le modèle américain (le CFIUS), la création d'une agence européenne pour « vérifier si le rachat de firmes européennes détentrices de ?know-how? (savoir-faire) par des sociétés étrangères publiques représente un danger ou pas ». Il vient d'obtenir le soutien du Commissaire au marché intérieur, le Français Michel Barnier, qui, dans une lettre commune au président de la Commission exhorte à créer une telle agence. Le Commissaire français rejette toute idée de « protectionnisme » en la matière mais aussi « toute naïveté ». On mesure pleinement les implications d'un tel contrôle des investissements étrangers avec le blocage récent par Washington du géant chinois des équipements de télécommunications, Huawei. Ce groupe a renoncé au rachat de la firme américaine 3Leaf Systems, à la suite «des inquiétudes nationales sur la sécurité» de la part du Comité sur les investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS). En Europe, à Bruxelles et dans des pays membres, l'idée d'un CFIUS à l'européenne fait elle aussi son chemin.

 

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