La Tunisie, économiquement et démocratiquement fragile

Une Libye stable est vitale pour son voisin tunisien.
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Presque 500 kilomètres de frontière commune avec la Libye et depuis quelques semaines, la Tunisie vit à l'heure libyenne. Les autorités suivent avec attention la situation d'un pays qui reste l'un de leurs partenaires commerciaux majeurs. Sans parler de l'afflux de réfugiés - plus de 100.000 personnes depuis la mi-février. « La guerre civile en Libye a déjà fait perdre 2 milliards de dinars (1,4 milliard d'euros) à la Tunisie », estime un économiste à Tunis. La part libyenne dans le commerce tunisien représente 10 %, et le tourisme 9 %. Nombre de ressortissants libyens viennent ainsi se faire soigner en Tunisie, en raison de la qualité des soins. « Et ils payent comptant », souligne un entrepreneur local. La Tunisie aborde dans les prochains mois une délicate période dans la consolidation de son processus démocratique, après l'inattendue révolution du Jasmin, qui a donné le coup d'envoi à une vague de révolutions dans la région.

Le gouvernement du Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, assure une transition jusqu'à l'élection, le 24 juillet, d'une assemblée constituante. Mais la Haute Commission, chargée de préparer le scrutin, a connu des ratés, l'obligeant à ajourner ses travaux. Pour le moment, on assiste à un bouillonnement de la vie politique avec une quarantaine de partis. Quant au gouvernement, son objectif est de répondre aux demandes sociales exprimées durant la période révolutionnaire. Des augmentations de salaires ont été concédées, en moyenne de 10 %. alors que le salaire minimum mensuel s'élève à 200 euros. Un plan de relance va être annoncé cette semaine avec une double priorité : les dépenses sociales et les embauches. « On peut augmenter les salaires grâce à la hausse de la productivité », assure le président de l'Institut arabe des chefs d'entreprise.

Signe de confiance

Mais l'économie risque de pâtir du ralentissement de l'activité. Pour la saison touristique, le manque à gagner sera de l'ordre de 30 à 40 % pour ce secteur phare de l'économie (6 % du PIB). Alors que le projet de budget prévoyait plus de 5 % de croissance en 2011, « on aura 1 % si l'on ne fait rien », déclare Abdelhamid Triki, ministre de la Planification et du Développement économique. Les experts misent sur une hausse du PIB comprise entre 1,3 % et 1,5 %. La France souhaite jouer un rôle majeur. Après Christine Lagarde et Frédéric Lefebvre, Pierre Lellouche, le secrétaire d'État au Commerce extérieur, s'est rendu la semaine dernière à Tunis. L'enjeu est important. Quelque 1.550 entreprises françaises opèrent sur le sol tunisien, employant près de 110.000 personnes. « Elles ont assuré les paiements des salaires durant la période de la révolution », souligne Boris Boillon, ambassadeur de France en Tunisie. Signe de confiance, nombre d'entrepreneurs présents sur place souhaitent investir davantage dans le pays et demandent à ce que la limite de 50 % pour les investissements étrangers dans les entreprises locales soit relevée.

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