Situation extrêmement tendue en Syrie

Le président Bachar el Assad et le parti Baas, qui est au pouvoir depuis près d'un demi-siècle à Damas, sont confrontés à une vague de protestation sans précédent et doivent faire face à des manifestants, galvanisés par les exemples des révolutions tunisienne et égyptienne.
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Des renforts de l'armée ont été dépêchés à Deraa, épicentre depuis huit jours de la contestation dans le sud de la Syrie, et des militaires patrouillaient dimanche dans les rues de la ville côtière de Lattaquié, dans le Nord, où des affrontements auraient fait douze morts et 200 blessés en deux jours.

Le président Bachar el Assad et le parti Baas, qui est au pouvoir depuis près d'un demi-siècle à Damas, sont confrontés à une vague de protestation sans précédent et doivent faire face à des manifestants, galvanisés par les exemples des révolutions tunisienne et égyptienne, qui réclament des réformes politiques et dénoncent la corruption.

Pour tenter de calmer la rue, le pouvoir a libéré 260 détenus samedi et annoncé son intention de lever l'état d'urgence en vigueur dans tout le pays depuis 1963.

Dimanche, les autorités ont encore libéré seize personnes, dont Diana al Djaouabra, toutes arrêtées pour avoir participé à une manifestation silencieuse organisée pour réclamer la libération d'enfants responsables de graffitis, a dit l'avocat de Djaouabra.

Le président Assad, silencieux depuis le début des troubles, devrait s'adresser prochainement à la nation, dit-on de source officielle.

Ces derniers jours, les bureaux du Baas dans plusieurs villes ont été incendiés par les protestataires, chose inimaginable il y a seulement quelques semaines dans ce pays placé sous la surveillance d'une redoutable police secrète.

Le ministère de l'Intérieur, dans un message diffusé par la télévision nationale, a appelé la population à ignorer un appel de l'opposition à manifester dimanche soir place des Omeyyades à Damas.

A Deraa, la statue de l'ancien président Hafez el Assad, père de Bachar et qui a dirigé le pays d'une main de fer pendant trente ans jusqu'à sa mort en 2000, a été jetée à bas vendredi. Les forces de l'ordre ont ouvert le feu sur les manifestants et les autorités de Damas ont accusé des "groupes armés" de vouloir semer le chaos à travers le pays.

TIREURS DES TOITS

Les affrontements à Deraa et dans sa région, près de la frontière jordanienne, ont fait au moins 61 morts en une semaine, selon l'organisation Human Rights Watch. Les obsèques dimanche de plusieurs victimes se sont déroulées sans incidents.

Les violences se sont étendues à Lattaquié, un port du nord du pays où douze personnes - des membres des forces de l'ordre, des civils et deux "éléments armés" - ont été tuées en deux jours, rapporte l'agence de presse officielle Sana qui cite une source autorisée.

On affirme de même source que ce ne sont pas les forces de l'ordre qui ont ouvert le feu mais des hommes armés postés sur les toits qui ont tiré sur les civils et les forces de sécurité.

Lattaquié est une ville à majorité sunnite mais des familles alaouites - une branche issue du chiisme à laquelle appartiennent le président Assad et la classe dirigeante - sont descendues des montagnes et s'y sont installées ces dernières décennies.

Un habitant de Lattaquié a déclaré que des soldats avaient été déployés samedi soir dans les rues pour prêter main forte à la police secrète et aux forces de sécurité après des affrontements entre jeunes sunnites et alaouites.

"Des années et des années de frustration ont conduit à cette situation. Mais ce n'est pourtant pas la guerre ouverte entre sunnites et alaouites, la plupart des gens gardent la tête froide et pensent que le déploiement de soldats disciplinés dans la ville est nécessaire pour éviter des pillages", a-t-il ajouté.

Selon Nadim Houry, de Human Rights Watch, quatre policiers ont été tués alors qu'ils tentaient de s'interposer entre partisans et adversaires du gouvernement. "Ils ont apparemment été victimes de voyous proches du frère du président", a-t-il dit.

Aucun blindé ni véhicule de transport de troupes n'était visible dimanche à Lattaquié, où patrouillaient seulement des troupes à pied.

Les trois quarts de la population syrienne sont sunnites.

Les gestes du gouvernement pour tenter d'apaiser les tensions ne paraissent pas satisfaire l'opposition, qui semble décidée à obtenir la chute du régime comme cela s'est produit en Tunisie et en Egypte.

Des manifestations de soutien à Assad et au parti Baas ont cependant été organisées à Damas et dans d'autres villes du pays.

Sur CBS, la secrétaire américaine d'Etat Hillary Clinton a affirmé dimanche que les Etats-Unis ne s'impliqueraient pas pour le moment de la même manière en Syrie qu'en Libye. Soulignant que chaque situation est unique, elle a dans le même temps déploré les violences de ces derniers jours.

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