« Les investisseurs français ont de beaux jours devant eux en Côte d'Ivoire »

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Les forces du président élu Alassane Ouattara ont lancé l'assaut final pour capturer Laurent Gbagbo. Cette sortie de crise illustre-t-elle l'échec de la diplomatie ?

Il est regrettable que la situation semble se régler par les armes. Tout au long de la crise, la diplomatie s'est montrée incapable de convaincre Gbagbo qu'il devait partir, que ce soit la France, l'ONU, les États-Unis ou l'Union Africaine. L'isolement diplomatique complet de Gbagbo depuis trois semaines a contribué à l'affaiblir, mais c'est l'intervention militaire de la France et de l'Onusi qui a été déterminante. Elle a permis de relancer la progression des forces pro-Ouattara qui étaient bloquées dans les derniers bastions du régime à Abidjan.

Quels défis attendent Alassane Ouattara ?

Ils sont énormes. La guerre civile entre le Nord et le Sud va laisser des traces. Tout d'abord, il est impératif pour sa légitimité que Ouattara mette fin très vite aux violences civiles et aux pillages. Il doit restaurer l'état de droit, s'imposer comme le président de tous les Ivoiriens et gérer l'intégration du Nord, longtemps exclu, dans l'État central. Ensuite, il doit relever et diversifier l'économie, qui repose trop sur les exportations de cacao et de café. Le miracle économique ivoirien souffre alors que le pays a les capacités de mieux se développer. Nous allons sûrement assister à une « opération séduction » du nouveau régime pour attirer les investisseurs étrangers et les convaincre que le pays est suffisamment sûr. Pour que l'économie reprenne, il faut donc avant tout stabiliser le pays.

La France va-t-elle pouvoir sauvegarder ses intérêts économiques en Côte d'Ivoire ?

La France est le premier partenaire commercial de la Côte d'Ivoire et devrait le rester. Tout un tissu de petites entreprises, principalement dans l'import-export, sont bien implantées aux côtés des grands groupes tels que Bolloréeacute;, Total, Bouygues ou France Télécome;lécom. Laurent Gbagbo surfait sur un anti-impérialisme français, mais il a paradoxalement toujours privilégié les intérêts économiques de la France. Avec Alassane Ouattara, qui n'est pas du tout anti-français, ce sera encore moins un problème. D'autant plus qu'il va devoir son arrivée au pouvoir à l'intervention militaire de la France... Les investisseurs français ont de beaux jours devant eux en Côte d'Ivoire.

L'intervention militaire française va-t-elle avoir des répercussions dans la région ?

La France était un interlocuteur naturel en raison de son passé et de ses liens forts avec le pays. Elle a très bien joué son rôle. Par contre, intervenir militairement constitue un précédent assez marquant, qui risque de ne pas être très apprécié par certains leaders africains, notamment en Afrique du Sud ou en Angola. Il est à craindre que les discours anti-impérialistes et anticolonialistes se retrouvent fortifiés.

 

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