Barack Obama lance un plan « Marshall » pour le Proche-Orient démocratique

Pour encourager la démocratisation des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, le président américain propose un plan d'aide économique à l'Égypte et la Tunisie pour commencer.
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Presque deux ans après son brillant discours du Caire de juin 2009, l'intervention de Barack Obama, jeudi, au département d'État sur l'avenir du Moyen-Orient était plus qu'attendue. Deux années qui n'auraient eu que peu d'incidence finalement si deux événements majeurs n'avaient profondément et largement modifié la donne depuis cinq mois. Les révoltes arabes, d'abord, violentes et brusques, faisant émerger une soif démocratique. Et la mort d'Oussama Ben Laden, de l'autre.

Très clairement définie par l'un des porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, l'idée est de soutenir « l'opportunité politique » du printemps arabe et de l'affaiblissement d'al-Qaida pour soutenir le combat des partisans de la démocratie dans la région. Comme le souligne le site Politico, c'est une occasion rêvée de mettre en parallèle cet espoir de démocratisation partagé par les populations de nombreux pays arabes et la mort du fondateur d'al-Qaïda, Oussama Ben Laden, qui prônait plutôt leur islamisation.

Mais c'est aussi l'opportunité d'afficher une stratégie cohérente. Car depuis la première des révoltes en Tunisie, Barack Obama a été largement critiqué tant aux États-Unis qu'à l'étranger pour son incapacité à articuler un véritable plan. « Il a le choix d'être Jimmy Carter ou Harry Truman », résume un éditorialiste.

Pour encourager cette démocratisation, le président américain a dévoilé un plan d'aide économique calqué sur celui mis en place en Europe de l'Est après la chute du mur de Berlin. Les premiers à en bénéficier seraient l'Égypte et la Tunisie, avant de l'élargir, le cas échéant, aux autres pays qui feraient montre de vouloir avancer sur le chemin de la démocratie.

Plusieurs milliards de dollars ont été évoqués, que ce soit par l'annulation de dettes notamment, mais dans un premier temps l'Égypte recevra une aide d'un milliard de dollars sous la forme de garanties de prêts. Un projet de fonds américano-égyptien de 60 millions de dollars a également été annoncé pour financer des initiatives du secteur privé. Un échange de créances qui devrait permettre d'investir dans l'emploi des jeunes notamment, et de soutenir des initiatives entrepreneuriales.

Terrain mouvant

Pour l'administration Obama ce plan devra être adossé à la Berd (Banque européenne pour la reconstruction et le développement, voir ci-dessous), la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque africaine de développement (BAD).

L'intention est louable mais le terrain mouvant. Et Barack Obama a pesé chacun de ses mots. Car s'il fallait satisfaire des millions de personnes en attente de changement dans le monde arabe - c'est pourquoi des sanctions ont été annoncées à l'encontre de la Syrie mercredi -, il fallait veiller également à ne pas froisser des alliés comme l'Arabie Saoudite, voire la Jordanie. De fait, le roi Abdallah en visite à Washington mardi, à la tête d'une monarchie héréditaire, loin du régime démocratique, a reçu la promesse d'une aide d'un milliard de dollars...

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