« En Afrique du Nord, la croissance est forte mais les créations d'emplois insuffisantes »

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Que peut apporter le partenariat de la Tunisie et de l'Égypte avec les pays du G8 qui sera signé ce vendredi ?

Le plan d'ensemble d'appui à l'Afrique du Nord que nous avons élaboré avec la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), la Banque européenne d'investissement (BEI) et la Banque islamique de développement et transmis à la présidence française du G8 comporte deux aspects : l'appui aux États et celui aux sociétés privées. La Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) mettent chacune 500 millions de dollars à la disposition de la Tunisie, auxquels s'ajoutent 100 millions débloqués par l'Union européenne. À court terme nos 500 millions doivent soutenir le budget de la Tunisie en difficulté et sont dirigés vers des programmes essentiellement sociaux : pour la création d'emplois, la jeunesse défavorisée, la gouvernance, soit tous les éléments critiques qui ont contribué à l'explosion de ce pays.

Quels sont les problèmes à résoudre à long terme en Afrique du Nord ?

Les pays d'Afrique du Nord, du Maroc à l'Algérie en passant par l'Égypte, souffrent surtout de trois maux : la croissance économique y est très forte, mais les créations d'emplois insuffisantes. Le cas de la Tunisie me paraît assez frappant : malgré un taux de croissance annuel autour de 5 % dans les années précédant la révolution, le pays ne créait que 60.000 emplois. Il faut donc d'abord une action spécifique pour les petites entreprises qui créent des postes. Il faut aussi réformer le secteur financier : l'octroi de crédits n'obéissait pas vraiment à la transparence et aux lois du marché. En Tunisie, il s'agissait de crédits politiques dirigés vers certains secteurs, pas forcément les plus performants, avec des taux d'intérêt trop élevés, notamment pour les PME. Enfin le commerce entre les pays d'Afrique du Nord ne représente que 5 % de leurs échanges. C'est une région assez homogène mais leur intégration est très faible. Il faut trouver des solutions nationales mais aussi régionales. Il suffit de penser que la Libye est le deuxième partenaire commercial de la Tunisie après l'Europe.

Que pensez-vous du débat entre pays industrialisés et pays émergents sur le prochain directeur général du FMI ?

Dans la déclaration finale du sommet du G20 de Pittsburgh en septembre 2009, il était souligné que « les directeurs de toutes les institutions internationales doivent être désignés en adoptant un processus ouvert, transparent et fondé sur le mérite ». Ce principe est valable pour tout le monde. Si cela obéit à ces critères du G20, peu importe que le directeur général soit un Européen un Américain ou un Africain, un Asiatique.


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