Dilma Rousseff affronte sa première crise politique

Les attaques contre l'enrichissement de l'homme fort du gouvernement fragilise la présidente du Brésil.
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C'est un appartement de 500 m2 dans un quartier chic de São Paulo qui a mis le feu aux poudres. Il y a deux semaines, le quotidien « Folha » de São Paulo révélait qu'Antonio Palocci, le chef de la Maison civile - équivalent de Premier ministre - l'avait acquis pour la bagatelle de 6,6 millions de reais (2,9 millions d'euros). Il avait aussi multiplié sa fortune par vingt entre 2007 et 2010, quand il était député du Parti des Travailleurs (PT).

Palocci a assuré que l'enrichissement avait été légalement constitué à la tête du cabinet de conseil « Projeto », créé en 2006 après son départ du gouvernement de Luiz Inacio Lula da Silva, où il était ministre des Finances. Dans une lettre, il justifie que « l'expérience unique » à la tête du ministère « donne une énorme valeur sur le marché ». Il cite des figures de l'opposition de droite, tel l'ex-ministre des Finances (1995-2002) Pedro Malan, devenu directeur de banque.

L'argument fait scandale, surtout à gauche. Une partie des électeurs qui ont choisi Dilma Rousseff après Lula ne se reconnaît pas dans ce « nouveau » PT, où s'enrichir grâce au lobbying est désormais admis. Chaque jour apporte son lot de nouvelles révélations : mercredi, l'opposition faisait savoir que l'entreprise de bâtiment WTorre avait réglé un litige fiscal avec le gouvernement en un temps record, juste après avoir souscrit les services du consultant Palocci. Même si aucune preuve d'action illégale n'est fournie, cela met en cause l'éthique de l'homme fort du gouvernement.

Attaquer Palocci, c'est mettre en péril l'équipe de Dilma Rousseff. Car le chef de la Maison civile est la cheville politique de la coalition au Congrès. Si cette majorité est la plus large qu'un gouvernement ait disposé depuis le rétablissement de la démocratie, elle est aussi la plus hétérogène et difficile à discipliner. Preuve de cette fragilité, le nouveau code forestier, qui assouplit la protection de l'Amazonie, a été adopté mardi soir, contre les recommandations du gouvernement.

Face à la panique, Lula a été appelé à la rescousse. L'ex-président a rencontré sa dauphine, mais aussi des ministres et des sénateurs pour organiser la contre-attaque contre la droite. Moins de six mois après son départ du palais présidentiel du Planalto, Lula montre ainsi qu'il est loin de la retraite.

 

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