La Chine évalue le risque des dettes régionales douteuses

Un premier audit officiel rendu public lundi évalue à... 1.160 milliards d'euros le montant des créances douteuses détenues par les pouvoir locaux.
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La Chine vient de faire un état des lieux officiel des dettes contractées par les pouvoirs locaux, susceptibles de ne pas être, ou sinon partiellement, remboursées. À la fin de l'année, le montant de ces créances considérées comme douteuses s'élevait à quelque 10.700 milliards de yuans, soit 1.160 milliards d'euros, ce qui représentait 27 % du PIB chinois à cette date. Selon les chiffres de l'audit, 80 % de ces dettes sont des crédits bancaires et elles doivent être honorées à 70 % dans les cinq prochaines années. Nombre d'analystes voient d'ailleurs dans ce problème des dettes locales une « bombe à retardement » pour l'économie du pays.

C'est la première fois que le gouvernement central publie de telles statistiques, ce qui souligne l'importance du sujet, et la volonté de le régler. C'est en effet en mars que le Premier ministre Wen Jiabao avait demandé une telle enquête, s'inquiétant d'une dérive dans l'attribution des crédits, favorisée après la crise économique mondiale créée par les « subprimes » aux États-Unis. Entre-temps, en effet, le gouvernement central avait ordonné un resserrement des conditions de crédit, par l'application de règles prudentielles plus strictes.

« Nettoyer et réguler »

En Chine, les autorités locales ne sont pas autorisées à emprunter directement. Elles contournent le problème via des «plates-formes de financement» dont la gestion est parfois hasardeuse, 5% d'entre elles devant recourir à de nouveaux emprunts bancaires pour honorer leurs dettes. « Le management de certaines plates-formes est anormal », souligne Liu Jiayi, ancien économiste à la Banque mondiale devenu Président de la Commission des comptes de Chine.

Dans le détail, il existait à la fin de l'année dernière 6.576 de ces « plates-formes de financement », comptant à elles seules pour 4.970 milliards de yuans (541 milliards d'euros), dont 60 % devront être remboursés par les gouvernements locaux. « Certains pouvoirs ont offert des garanties illégales, tandis que d'autres ont gagé des terrains pour rembourser », souligne Liu Jiayi. Or, la valeur du foncier a décliné entre temps de 50 % en moyenne dans nombre de provinces. En outre, souligne le rapport, plus de 35 milliards de yuans (3,8 milliards d'euros) ont été investis dans les marchés financiers, l'immobilier ou des projets illégaux.

Reste à savoir qui va supporter les pertes éventuelles en cas de défaut. Les experts qui ont mené l'audit préconisent d'ores et déjà de « nettoyer et réguler » les fameuses plates-formes.

Liu Jiayi suggère que les autorités provinciales et des grandes villes étudient la vente d'une partie de leurs dettes.

 

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