Les patrons franciliens broient du noir. Près des deux tiers des entrepreneurs interrogés par le Medef Paris, qui a mené la semaine dernière une enquête auprès de ses adhérents, estiment que cette vague épidémique affecte leur moral.
Il faut dire qu'un sur deux est totalement occupé à gérer cette crise : 48% estiment que par les problèmes qu'elle pose, cette vague est au centre de leurs préoccupations. A contrario, à peine 13 % assurent qu'elle n'a aucun impact ou à la marge.
Des absences de salariés qui virent au casse tête
Pour la majorité, leur quotidien est accaparé par la gestion des plannings. Avec un défi à relever : remplacer au pied des salariés absents. Près de 83 % des employeurs notent, en effet, une hausse de l'absentéisme dans leurs équipes.
Pour un tiers des entreprises, plus de 25 % des arrêts de travail sont directement liés au Covid. Soit parce que les salariés sont malades eux-mêmes, soit cas contact. D'ailleurs 63 % des employeurs disent avoir eu des cas de collaborateurs symptomatiques qui voudraient continuer à exercer en télétravail mais qui ne le peuvent pas car ils ont un arrêt de travail.
Enfin, il n'est pas rare aussi que ces employés soient coincés chez eux pour s'occuper de leurs enfants également atteints, ou parce que les classes sont fermées. Selon l'enquête, 43 % des absences sont liées aux problèmes dans les écoles et d'accueil des enfants....Une situation qui devrait encore empirer cette semaine avec la grève très suivie des enseignants prévue ce jeudi 13 janvier.
Recours au télétravail mesuré
Conformément à la demande du gouvernement, depuis le 3 janvier, selon cette enquête, près d'un employeur parisien sur deux a mis en place trois jours de télétravail par semaine. Un quart a instauré 4 jours. Peu envisagent d'intensifier cette organisation, ne serait-ce que parce que certains salariés leur demandent de venir sur site. Enfin, une petite minorité a pris l'option 100 % télétravail : à peine 2%.
Mais, outre les questions des ressources humaines, les entreprises font face à des annulations de contrats en cascade, des retards de livraisons, des baisses importantes d'activité : par exemple, le télétravail réduit le nombre de clients dans les restaurants et les boutiques. Enfin, ils enregistrent des hausses de coûts, pour recruter, s'approvisionner etc.
Craintes de voir la situation se détériorer les jours à venir
Si la plupart de ces entreprises font preuve de résilience, elles s'inquiètent de voir l'épidémie s'intensifier et durer. Alors qu'en début de semaine, Bruno le Maire, le ministre de l'Economie se montrait rassurant, et expliquait qu'il n'y a pas du tout de risque de paralysie de l'économie, les adhérents du Medef Paris sont plus circonspects. La situation est tellement tendue actuellement dans la capitale que 10 % de ceux interrogés dans cette étude craignent que "cette désorganisation, par les dégâts qu'elle génère, mette en danger leur entreprise !"