
Près de 370.000 contaminations ce mardi, soit 280.000 en moyenne au cours des sept derniers jours : Omicron déferle sur la France mais ne semble pas suffisant pour convaincre les entreprises de recourir massivement au télétravail comme l'a demandé le gouvernement, puisque le travail à domicile n'a quasiment pas bougé entre mi-décembre et début janvier, selon un sondage Harris interactive réalisé pour le ministère du Travail. Ces résultats ne sont "pas à la hauteur de la situation sanitaire", déplore-t-on au ministère d'Elisabeth Borne. Pour rappel, depuis début janvier, les entreprises qui le peuvent doivent permettre à leurs salariés de télétravailler trois jours par semaine, voire quatre.
Le télétravail a davantage progressé en Île-de-France
Selon cette enquête réalisée en ligne du 6 au 9 janvier auprès d'un échantillon de 2.007 personnes représentatif des Français âgés de 18 ans et plus (parmi lesquels sont représentés 1.184 actifs en emploi), au cours de la semaine du 3 au 9 janvier, 29% des actifs ont télétravaillé au moins partiellement (contre 30% la semaine du 13 au 19 décembre), et parmi les actifs pouvant télétravailler facilement, 60% ont télétravaillé au moins partiellement (58% mi-décembre). Le nombre de jours télétravaillés a néanmoins légèrement augmenté chez les actifs ayant déclaré télétravailler, passant de 3 jours en moyenne mi-décembre à 3,3 jours. Le télétravail a davantage progressé en Île-de-France, puisque 69% des actifs pouvant télétravailler facilement l'ont fait, contre 62% mi-décembre.
1.000 à 1.500 contrôles par mois
Au ministère du travail, on fait valoir que ces chiffres justifient la pertinence des amendes administratives prévues par le projet de loi instaurant le pass vaccinal (jusqu'à 1.000 euros par salarié en cas de non respect des consignes sanitaires), arguant "qu'on ne peut pas transiger avec la protection de la santé des salariés". Selon le sondage, 76% des Français interrogés estiment ces sanctions "justifiées" dans le contexte actuel d'épidémie de Covid. Or les sénateurs, qui ont entamé mardi l'examen du texte, ont ces sanctions dans le viseur. Elisabeth Borne a par ailleurs indiqué la semaine dernière avoir demandé à l'Inspection du travail de passer de 1.000 à 5.000 contrôles par mois même si "la très grande majorité des entreprises jouent le jeu", disait-elle.
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Télétravail : la France à la traîne par rapport à ses voisins
Le télétravail s'est certes imposé avec la crise sanitaire mais les actifs français en ont une pratique plus frileuse que leurs voisins européens, selon une étude de l'Ifop pour la Fondation Jean Jaurès publiée la semaine dernière. D'après cette enquête menée en Allemagne, France, Espagne, Italie et au Royaume-Uni, la population active française se démarque "par un accès plus restreint" au télétravail. Quand on les interroge sur leur pratique moyenne du télétravail, seuls 29% des actifs français déclarent télétravailler "au moins une fois par semaine", contre 51% des Allemands, 50% des Italiens, 42% des Britanniques et 36% des Espagnols. La fréquence du télétravail dans l'Hexagone y est moindre qu'ailleurs.
"Alors que dans les autres pays européens, la proportion de télétravailleurs quatre à cinq jours par semaine est supérieure à celle y ayant recours deux à trois jours, c'est l'inverse que l'on constate en France", notent les analystes de l'Ifop.
Ainsi en Italie, 30% des actifs sont en télétravail quatre à cinq jours et 17% deux à trois jours, alors qu'en France, ces fréquences concernent respectivement 11% et 14% des actifs. Le constat est le même sur les inégalités d'accès au travail à distance selon la catégorie socioprofessionnelle (CSP). Dans les cinq pays, les CSP+ ont davantage accès au télétravail que les CSP- mais c'est en France que le clivage est le plus marqué avec un différentiel de 39 points (56% des CSP+ et 17% des CSP- ont accès au télétravail). Il est de huit points en Italie (56% contre 48%). Quand les actifs sont interrogés sur leurs aspirations, et que l'on fait la moyenne du nombre de jours "souhaités" en télétravail, il est le plus faible en France: la fréquence moyenne idéale y est de 1,8 jour par semaine contre 2,7 en Espagne, 2 au Royaume-Uni, 2,2 en Allemagne et 2,4 en Italie.
Cette enquête a été réalisée du 21 au 27 septembre 2021 selon la méthode des quotas auprès d'actifs issus d'échantillons représentatifs de 1.011 Allemands, 1.002 Français, 1.004 Britanniques, 1.008 Espagnols et 1.007 Italiens.
(Avec AFP)