
Alors que le ministère de l'Education nationale a fait de sa réduction - sinon de sa suppression- une priorité, le harcèlement scolaire, qui touche 700.600 élèves en France, a un nouvel allié. Son nom ? "Gossip", un mot anglais que l'on traduit par potin, ragot ou rumeur.
Les connaisseurs de la série télévisée "Gossip Girl" feront immédiatement le rapprochement. Quand, dans la série TV, un blogueur raconte des potins sur les jeunes happy few de Manhattan, la toute jeune application Gossip (elle a été lancée en France en mai), elle, permet de faire circuler des rumeurs de façon anonyme.
140 caractères pour "balancer" une rumeur
En 140 caractères maximum, l'utilisateur de l'application peut poster une rumeur tout en identifiant la ou les personnes concernées parmi ses contacts (Facebook ou répertoire téléphonique). L'appli donne même la possibilité de publier « une preuve », c'est-à-dire une photo ou une vidéo impliquant la personne. Ces potins publiés n'apparaissent que dix secondes sur la page des utilisateurs, sur le principe de la messagerie éphémère.
Mardi 2 juin, deux syndicats lycéens, la FIDL et le Syndicat général des lycéens, ont appelé à l'interdiction de cette application « l'objectif de cette plateforme n'est pas de jouer mais bien de nuire aux autres », dénonce la FIDL dans un communiqué.
La ministre de l'Education appelle à" une extrême vigilance"
La réponse de la ministre de l'Education nationale n'a pas tardé. Mercredi 3 juin, dans un communiqué, Najat Vallaud-Belkacem appelle à « une extrême vigilance sur la teneur des messages qui seraient mis en ligne » sur Gossip. La ministre a, dans le même temps, demandé aux recteurs d'académie, avec le soutien des chefs d'établissements de lycées et de collèges, de signaler aux procureurs de la République « tous propos injurieux ou diffamatoires proférés à l'encontre d'élèves ou de personnels ». Et ajoute : « la réouverture de cette application pourrait venir affecter un climat serein au sein des établissements ».
Climat délétère dans les établissements scolaires
L'application a été créée en mai par Cindy Mouly, « une jeune Parisienne dotée d'une langue bien pendue (qui) a cherché à lancer une application qui lui ressemble », selon Madame Figaro. Si "Gossip" est un succès aux dires de sa créatrice "avec 10.000 téléchargements par jour", elle est pourtant responsable de nombreuses victimes, comme le rapporte un article de 20 Minutes.
Méchancetés sur le physique, rumeurs sur l'orientation sexuelle... comme au collège Episcopal Saint-Etienne à Strasbourg, où collégiens et lycéens racontent avoir été blessés par des rumeurs à leur encontre ou sur leurs camarades. Pour rappel, 4,5% des collégiens seraient victimes de cyber-harcèlement en France.