Apprentissage : les entreprises accélèrent les embauches

[Graphiques] Le secteur privé a embauché 275.000 apprentis rien que pour l'année 2016 contre 272.000 l'année précédente. Cette hausse s'explique en partie par une montée en puissance de l'apprentissage dans l'enseignement supérieur.
Grégoire Normand
Le salaire net mensuel moyen annualisé des apprentis est le plus élevé dans l’industrie (914 euros) et le plus faible dans le secteur agricole (691 euros).
Le salaire net mensuel moyen annualisé des apprentis est le plus élevé dans l’industrie (914 euros) et le plus faible dans le secteur agricole (691 euros). (Crédits : (c) Copyright Thomson Reuters 2013. Check for restrictions at: http://about.reuters.com/fulllegal.asp)

L'embauche des apprentis connaît une embellie. Selon une étude du ministère du Travail publiée ce lundi, l'administration a recensé 288.000 entrées en apprentissage dans la France entière pour l'année 2016 dans le secteur public et le secteur privé. Cela représente une hausse de 1,9% par rapport à 2015.

Une stabilisation dans la construction

Pour 2016, 275.300 nouveaux contrats d'apprentissage ont été signés dans le secteur privé, soit une hausse de 1,2% par rapport à 2015. C'est dans le secteur de l'industrie (2,5%) et du tertiaire (1,2%) que les hausses sont les plus significatives. Après sept années de repli dans la construction, les inscriptions se stabilisent. Enfin, elles diminuent dans le secteur agricole.

Dans l'industrie, les embauches augmentent dans tous les domaines sauf dans l'énergie. Du côté des services, seuls deux secteurs connaissent une baisse : l'hébergement et la restauration (-5%) et la coiffure et les soins (-3,5%).

Au niveau de la taille des entreprises, ce sont surtout les entreprises de 50 salariés et plus qui profitent de la hausse (+4,4%), "retrouvant ainsi la tendance structurelle observée depuis 20 ans". En revanche, "les embauches dans les entreprises de moins de 10 salariés baissent légèrement (-0,9 %) après la hausse de 2015".

Une hausse importante dans le public

Dans le secteur public, les inscriptions en apprentissage ont connu une forte hausse entre 2015 et 2016 (+19,4%).  En 2016, 13.400 nouveaux contrats ont été signés, soit près de 2.200 apprentis supplémentaires par rapport à 2015 et 4.400 de plus par rapport à 2014. Ce rebond peut s'expliquer principalement par des décisions prises lors de la conférence sociale de juillet 2014.

"Afin de donner une impulsion à ce dispositif dans le secteur public, 4.000 apprentis devaient être recrutés dans les services de l'État à partir de septembre 2015 puis 6.000 à partir de septembre 2016. Les embauches ont surtout augmenté dans les services de l'État, les établissements publics locaux d'enseignement et les établissements publics administratifs de l'État où elles s'établissent à 5.900 apprentis."

Par ailleurs, les collectivités demeurent tout de même les premières utilisatrices de l'apprentissage dans le secteur public "mais voient leur effort de recrutement stagner (-0,2 %) après avoir fortement diminué en 2015 (-13,9 %)".

Succès de l'apprentissage dans l'enseignement supérieur

La hausse des entrées en apprentissage s'est accompagnée d'une hausse du niveau de de diplôme selon les experts de la Dares. "Les embauches d'apprentis préparant un diplôme de niveau bac +2 ou plus sont en hausse (+ 5,3 %), tandis que les entrées en formation de niveau CAP  et baccalauréat ou brevet professionnel sont en baisse respectivement de -1,3 % et de -1,1 %."  Mais ce phénomène est loin d'être une nouveauté. Depuis 2008, le nombre d'entrées d'apprentis au niveau secondaire a diminué de 24 %.

La grande majorité de la baisse de ces entrées est due à la diminution de l'emploi dans les métiers traditionnels de l'apprentissage (les métiers du bâtiment, de l'industrie, la coiffure et l'esthétique, l'hôtellerie et la restauration).

Un tiers des contrats rompus

Selon les chiffres enregistrés par le service de statistiques du ministère du Travail, 28 % des contrats commencés au cours de la campagne 2014-2015 (juin à mai) ont été rompus avant leur terme. Mais plusieurs facteurs peuvent intervenir pour expliquer ces ruptures. Outre les mauvaises ententes possibles entre un employeur et son apprenti, les auteurs de l'étude expliquent:

"Plus l'apprenti est jeune et plus le taux de rupture est élevé : 38 % pour les moins de 18 ans contre 18 % pour les plus de 21 ans. Ce phénomène témoigne souvent d'un processus de tâtonnement lié à la découverte du marché du travail par des jeunes sortant du système scolaire sans aucune expérience professionnelle."

En revanche, le taux de rupture et l'abandon diminuent lorsque le niveau de diplôme préparé augmente. "38 % des contrats des primo-entrants sont rompus précocement au niveau CAP-BEP alors qu'ils sont 16 % dans le supérieur. Le taux d'abandon est également plus élevé : 29 % lorsque le diplôme préparé est de niveau CAP-BEP, contre 12 % pour les diplômes de l'enseignement supérieur."

Une grande partie de ces ruptures s'effectue dans les métiers de l'hôtellerie et de la restauration. La moitié des contrats sont rompus avant terme et 38 % des primo-entrants abandonnent l'apprentissage.

Grégoire Normand
Commentaires 5
à écrit le 05/09/2017 à 19:05
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" Chers, citoyen et lachose il ne suffit pas de dénigrer en permanence il faut aussi de temps en temps proposer des solutions !!!" Sous chaque commentaire est écrit en rouge et en gras "réponse", si vous cliquez dessus une fenêtre va s'ouvrir per...

à écrit le 05/09/2017 à 17:29
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Chers, citoyen et lachose il ne suffit pas de dénigrer en permanence il faut aussi de temps en temps proposer des solutions !!! L'apprentissage a formé et continue de former des professionnels compétents, toujours en activité et qui réussissent tout...

le 06/09/2017 à 17:58
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"il ne suffit pas de dénigrer en permanence" Il ne s'agit pas de dénigrer mais de constater toutes les aides que les employeurs obtiennent pour des apprentis.Et la dévalorisation du travail manuel existe depuis les années 80, ou j'ai eu mon CAP d...

à écrit le 05/09/2017 à 16:50
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Un outil de plus dans la grande panoplie dont dispose l'oligarchie concernant l'esclavagisme salarial. Article intéressant étant donné que l'on note qu'il y a de plus en plus de diplômés et que ce sont eux qui ne veulent pas continuer, ils ne son...

à écrit le 05/09/2017 à 16:50
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"Le secteur privé a embauché 275.000 apprentis rien que pour l'année 2016 contre 272.000 l'année précédente". Tu m'étonnes : Pendant toute la durée du contrat, l'employeur est exonéré des charges sociales, à l'exception de la cotisation patron...

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