Après l'abandon de son panier, Bruno Le Maire annonce un « trimestre anti-inflation »

Par latribune.fr  |   |  766  mots
Fruit d'un accord avec les distributeurs, le « trimestre anti-inflation » doit permettre aux consommateurs d'avoir accès à une sélection de produits, déterminée par chaque enseigne à leur discrétion, dont les prix seront « les plus bas possibles ». (Crédits : Reuters)
Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, est parvenu à un accord avec les acteurs de la grande distribution pour qu'ils proposent une sélection de produits aux prix « les plus bas possibles ». Cette mesure sera effective jusqu'en juin. L'exécutif enterre ainsi de facto son projet de panier anti-inflation. En revanche, il a promis le déploiement d'un chèque alimentaire pour les plus modestes dans les prochains mois.

Le secteur de la grande distribution et le gouvernement sont enfin parvenus à un accord. A l'issue de longues semaines de négociations, le ministre de l'Economie a annoncé le lancement d'un « trimestre anti-inflation », ce lundi 6 mars.

« La France est confrontée, depuis plus d'un an maintenant, à un choc inflationniste qui est le plus lourd depuis les années 1970. Il se traduit par une flambée du gaz, du prix de l'électricité, du prix des produits de consommation courante », a rappelé Bruno Le Maire lors d'un point presse.

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Le locataire de Bercy s'est dit conscient de l'impact de la flambée des prix alimentaires sur le pouvoir d'achat des ménages. L'inflation en France a de nouveau accéléré en février, de 6,2% sur un an, après 6% en janvier, tirée en majorité par un bond des prix dans l'alimentation. Ceux-ci ont augmenté de 14,5%, selon la première estimation de l'Insee, publiée mardi dernier.

Des produits choisis « librement » par les enseignes

Fruit d'un accord avec les distributeurs, le « trimestre anti-inflation » doit permettre aux consommateurs d'avoir accès à une sélection de produits, déterminée par chaque enseigne à leur discrétion, dont les prix seront « les plus bas possibles », et ce, jusqu'en juin. Les produits seront « choisis librement » par chacun des distributeurs, a confirmé le ministre. De plus, ils pourront varier d'une région à l'autre.

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Ces produits seront identifiables grâce à un logo tricolore « trimestre anti-inflation ». L'essentiel des opérations commerciales portera sur les produits de marques distributeur, sur lesquelles les enseignes ont le plus de « latitude » pour fixer les prix, a indiqué le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard.

A l'issue de ce trimestre, « nous rouvrirons les négociations commerciales (théoriquement annuelles et qui viennent de se terminer, NDLR) avec les grands industriels de façon à ce que la baisse des prix de gros, que nous observons sur les marchés mais qui n'est pas encore transmise aux produits de consommation courante, puisse se traduire » sur les produits du quotidien, a affirmé Bruno Le Maire.

Le chèque alimentaire à nouveau sur la table

Dans le détail, ce dispositif sera financé grâce aux marges des distributeurs. Il leur coûtera « plusieurs centaines de millions d'euros ». A travers cette annonce, l'exécutif abandonne ainsi l'idée d'un panier « anti-inflation », pourtant portée depuis plusieurs semaines, et visant à établir une liste d'une cinquantaine de produits à prix bas.

Il a toutefois fait part de son intention de déployer dans les prochains mois « un chèque alimentaire ». Promise depuis deux ans, cette aide financière est une idée issue de la Convention citoyenne sur le climat. Le principe de cette aide avait été inscrit dans le cadre de la loi Climat et résilience. Destiné aux ménages les plus modestes, ce chèque devait permettre l'accès à des produits locaux et de qualité.

« Il y aura bien pour les plus modestes, ceux qui ont les revenus les plus faibles, un chèque alimentaire », a assuré le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire. L'expérimentation « se fera sur une base territoriale, sans doute le département, de façon à être au plus près des consommateurs et au plus près des producteurs agricoles », a-t-il ajouté.

Michel-Edouard Leclerc boude la réunion à Bercy

Les annonces de Bruno Le Maire interviennent alors que plusieurs enseignes de la grande distribution ont déjà annoncé ces derniers jours des opérations commerciales sur une sélection de produits de consommation courante. Dès début février, Système U avait été la première enseigne à lancer son propre panier. Ce week-end, Carrefour, Intermarché et Monoprix lui ont emboîté le pas.

« J'ai pas attendu une réunion publique pour être moins cher », a ironisé lundi matin sur Cnews le patron des centres E. Leclerc, Michel-Edouard Leclerc. Si Leclerc, premier réseau de distribution français, « ne s'interdit rien », son patron « préfère pour le moment être moins cher sur tout » et éviter « un cône aussi restreint de communication » qui « donne l'impression qu'on se rattrape sur le reste ». Le patron des centres E. Leclerc a d'ailleurs choisi de bouder la réunion. « Je ne vais pas aller sur la photo pour dire Leclerc vend moins cher », a-t-il asséné. Michel-Edouard Leclerc doit tout de même s'entretenir dans la journée au téléphone avec Bruno Le Maire.

(Avec AFP)