Inflation : Système U ne croit pas à un « mars rouge » et pointe le manque de « transparence » des industriels

Le président de l'enseigne Système U estime qu'il est « exagéré » de parler d'un « mars rouge » pour l'inflation des produits en grande surface. D'après lui, les hausses de prix à venir, résultat des négociations annuelles entre industriels et supermarchés, « vont s'étaler dans le temps ». Dominique Schelcher regrette toutefois le manque de « transparence » des industriels dans cette période de discussion. Une critique formulée depuis plusieurs jours par les distributeurs, qui les accusent d'exagérer la hausse de leurs charges.
Le président de Système U a indiqué « espérer » un « reflux des prix à partir du second semestre ».
Le président de Système U a indiqué « espérer » un « reflux des prix à partir du second semestre ». (Crédits : Reuters)

L'ombre d'un « mars rouge » fait beaucoup parler ces derniers jours. Derrière cette expression, utilisée notamment ce lundi par le ministre de l'Économie, l'idée d'une forte inflation sur les produits en grande surface après les négociations annuelles des supermarchés avec leurs fournisseurs. Chaque année, les supermarchés négocient en effet avec leurs fournisseurs de l'industrie agro-alimentaire les prix et les conditions de vente auxquels ils leur achètent une part importante des produits qu'ils vendront. Les nouveaux tarifs sont ensuite progressivement répercutés en rayons.

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Ces négociations, qui doivent être conclues au plus tard le 1er mars, sont traditionnellement tendues. Elles le sont d'autant plus cette année dans un contexte inflationniste (énergie, transports ou matières premières) qui pèse sur les marges de l'ensemble des acteurs. Bruno Le Maire a toutefois assuré qu'il n'y avait « aucune raison » que les prix ne s'enflamment en mars. Un avis partagé ce mardi 21 février par le président de l'enseigne Système U, 4ème enseigne de distribution alimentaire en France derrière, dans l'ordre, E.Leclerc, Carrefour et Intermarché.

« Il a raison de dire qu'il n'y aura pas de mars rouge, c'est exagéré de dire cela », a déclaré Dominique Schelcher sur Radio Classique. Et d'ajouter : « Nous sommes en pleines négociations avec les industriels et à partir du mois de mars, nous allons malheureusement répercuter une série de hausses de prix qui seront le fruit de ces négociations. Mais elles vont s'étaler dans le temps et le mois de mars ne sera pas plus rouge qu'un autre ».

Le président de Système U a indiqué « espérer » un « reflux des prix à partir du second semestre ».

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Les industriels taxés de manquer de transparence

Dominique Schelcher a par ailleurs regretté que « la transparence ne soit » selon lui « pas au rendez-vous des négociations du côté des industriels ». Ces derniers sont soupçonnés par leurs clients de la distribution d'exagérer la hausse de leurs charges pour vendre plus cher, arguant que leurs coûts de production ont grimpé. Des hausses jugées « délirantes », à hauteur de 20%, a fustigé la semaine dernière Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour, dans une interview au Figaro.

Des propos qui ont indigné le président de la principale organisation patronale de l'agroalimentaire français, l'Ania. « On peut être impressionné par le niveau des hausses demandées, mais chacune d'entre elle est avérée, et elles sont tout sauf délirantes ! », a-t-il exprimé en retour. « Les matières premières sont plus chères que l'an dernier et nous avons acheté l'énergie aux tarifs actuels pour toute l'année. Nous sommes encore dans des cycles de hausses, qui n'ont pas été répercutées » dans les prix des produits vendus aux supermarchés, a-t-il expliqué à l'AFP.

La distribution assure ne pas pouvoir absorber seule ces hausses de tarifs et dit donc devoir les répercuter sur ses clients. Le panéliste NielsenIQ, formulant l'hypothèse d'une hausse des prix alimentaires de 15% en juin 2023 par rapport à 2021, estime que cette augmentation engendrerait, pour un ménage avec deux enfants, un surcoût de l'ordre de 800 euros pour les mêmes achats qu'en 2021. En 2022, ce surcoût était de 280 euros.

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Incertitudes sur le panier anti-inflation

Le président de l'enseigne Système U a en outre indiqué avoir été reçu lundi à Bercy pour échanger notamment sur le panier anti-inflation. Sans plus de détails toutefois. Pour rappel, ce dispositif devrait rassembler une cinquantaine de produits essentiels du quotidien « vendus au meilleur rapport qualité prix ». Annoncé il y a plus d'un mois, il est attendu pour mars. Pourtant, l'exécutif n'a toujours pas précisé ses contours qu'il s'agisse des produits concernés ou des enseignes de grande distribution qui le proposeront.

Ce lundi, Bruno Le Maire a d'ailleurs déclaré ne pas savoir si les discussions actuelles avec les distributeurs aboutiraient, ouvrant la porte à l'abandon de ce « panier ». « J'ai fixé le 15 mars comme date limite pour trouver ensemble une solution opérationnelle sur cette augmentation des prix alimentaires et des prix de grande consommation de manière générale », a indiqué le ministre de l'Économie. Il a par ailleurs maintenu que « vers la mi-2023, l'inflation devrait refluer dans notre pays ». Elle était de +6% en un an en janvier en France.

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(Avec AFP)

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