Inflation : pas de « mars rouge » pour Michel-Édouard Leclerc, c'est tout « le deuxième trimestre qui sera rouge »

Au vu des tarifs demandés par les fournisseurs agro-industriels dans le cadre des négociations annuelles avec les supermarchés, Michel-Édouard Leclerc estime que « ce n'est pas mars qui va être rouge, mais le deuxième trimestre » de cette année 2023. Selon lui, la hausse des prix qui résultera de ces négociations va déferler jusqu'au mois de juillet. Le grand distributeur fustige au passage les « augmentations énormes » réclamées par les industriels, une sortie qui témoigne de la forte tension dans laquelle se déroulent ces négociations lesquelles, d'ailleurs, ont pour l'instant abouti à moins de contrats signés que d'ordinaire à la même période.
Les industriels de l'agro-alimentaire ont en moyenne réclamé aux supermarchés de leur acheter leur production pour 2023 « 10% à 15% » plus cher que l'année précédente. Une hausse jugée trop importante par Michel-Édouard Leclerc (photo) et l'ensemble des distributeurs.
Les industriels de l'agro-alimentaire ont en moyenne réclamé aux supermarchés de leur acheter leur production pour 2023 « 10% à 15% » plus cher que l'année précédente. Une hausse jugée trop importante par Michel-Édouard Leclerc (photo) et l'ensemble des distributeurs. (Crédits : CHARLES PLATIAU)

Après « mars rouge », voilà le « trimestre rouge ». Michel-Édouard Leclerc a été invité à réagir ce jeudi 23 février sur la perspective avancée par certains spécialistes d'une forte augmentation à venir sur les prix des produits vendus en grandes surfaces. Ce, en raison des négociations annuelles en cours entre les supermarchés et les industriels.

Ces négociations, qui doivent être conclues au plus tard le 1er mars, sont traditionnellement tendues (lire en fin d'article). Elles le sont d'autant plus dans le contexte inflationniste (énergie, transports ou matières premières) qui pèse cette année sur les marges de l'ensemble des acteurs.

Ce n'est pas mars qui sera  « rouge », mais tout le deuxième trimestre

Pour le président du comité stratégique des centres E.Leclerc, leader de la distribution alimentaire en France avec plus de 22% de part de marché, cela va déboucher sur des hausses de tarifs. Ces dernières vont « être répercutées jusqu'en juillet, parce qu'il faut quatre ou cinq mois » pour qu'elles redescendent dans les rayons des grandes surfaces, a expliqué Michel-Édouard Leclerc sur BFM/RMC.

Les prix ne vont donc pas grimper d'un coup en mars, mais s'étaleront sur les mois à venir. « Les consommateurs vont encore voir beaucoup de hausses », a convenu Michel-Edouard Leclerc.

« Les nouveaux tarifs s'appliquent aux nouvelles commandes. Quand il reste du stock disponible, il est à l'ancien prix », a-t-il par ailleurs précisé.

Lire aussi« Mars rouge » : Bruno Le Maire ouvre la porte à un abandon du panier anti-inflation

Des industriels « trop gourmands » selon les grands distributeurs

Michel-Édouard Leclerc a dénoncé, comme ses confrères de la grande distribution, les « augmentations énormes » réclamées par leurs fournisseurs agro-industriels. Il a donné comme exemple la hausse du prix du sucre qui a, selon lui, augmenté de 22% l'année précédente et pour lequel un fournisseur a demandé « 53,82% en plus de l'an dernier ».

Les industriels ont en moyenne réclamé aux supermarchés de leur acheter leur production pour 2023 de « 10% à 15% » plus cher que l'année précédente. Des hausses jugées « délirantes », à hauteur de 20%, fustigeait la semaine dernière le PDG de Carrefour. Ce mardi, c'était le président de Système U qui regrettait que « la transparence ne soit » selon lui « pas au rendez-vous des négociations du côté des industriels ».

Lire aussiInflation : Système U ne croit pas à un « mars rouge » et pointe le manque de « transparence » des industriels

Ces hausses demandées « sont tout sauf délirantes ! », rétorque l'Ania

« On peut être impressionné par le niveau des hausses demandées, mais chacune d'entre elles est avérée, et elles sont tout sauf délirantes ! », s'était ému la semaine dernière, Jean-Philippe André, le président de la principale organisation patronale de l'agroalimentaire français, l'Ania.

« Les matières premières sont plus chères que l'an dernier et nous avons acheté l'énergie aux tarifs actuels pour toute l'année. Nous sommes encore dans des cycles de hausses, qui n'ont pas été répercutées » dans les prix des produits vendus aux supermarchés, avait-il expliqué à l'AFP.

Mais la grande distribution assure ne pas pouvoir absorber seule ces hausses de tarifs et dit donc devoir les répercuter sur ses clients.

Environ 800 euros de plus en 2023 pour un ménage avec deux enfants

Justement, s'intéressant aux clients, le panéliste NielsenIQ, en partant de l'hypothèse d'une hausse des prix alimentaires de 15% en juin 2023 par rapport à 2021, a calculé que cette augmentation engendrerait, pour un ménage avec deux enfants, un surcoût annuel de l'ordre de 800 euros pour les mêmes achats qu'en 2021.

En 2022, ce surcoût était de 280 euros.

Lire aussiAlimentation : les négociations sur les hausses de prix s'annoncent explosives entre distributeurs et industriels

Réserves sur le panier anti-inflation

Michel-Édouard Leclerc s'est par ailleurs exprimé au sujet du panier anti-inflation. Pour rappel, le gouvernement planche depuis plus d'un mois sur ce dispositif qui devrait rassembler une cinquantaine de produits essentiels du quotidien « vendus au meilleur rapport qualité prix » afin de répondre à l'inflation dans les rayons des supermarchés. Le responsable d'E.Leclerc s'est dit « ouvert à tout », tout en émettant certaines réserves.

« C'est le gouvernement qui doit dire s'il veut faire un panier, si c'est crédible de faire de la pub sur 50 produits, et c'est à lui de dire s'il veut que ce soit moins cher ou juste bon », a-t-il déclaré.

Et d'ajouter :

« Mais dans la période qui est la nôtre, (...) on ne va pas faire les mariolles sur 50 articles quand 6.000 sont aujourd'hui tapés par l'inflation. »

Pour autant, la mise en place effective de ce dispositif, annoncé pour le mois de mars, n'est pas assurée. Ce lundi, Bruno Le Maire a d'ailleurs déclaré ne pas savoir si les discussions actuelles avec les distributeurs aboutiraient, ouvrant la porte à l'abandon de ce « panier ».

« J'ai fixé le 15 mars comme date limite pour trouver ensemble une solution opérationnelle sur cette augmentation des prix alimentaires et des prix de grande consommation de manière générale », a indiqué le ministre de l'Économie. Il a par ailleurs maintenu que « vers la mi-2023, l'inflation devrait refluer dans notre pays ». Elle était de +6% en un an en janvier en France.

Lire aussiProduits, prix, enseignes : le « panier anti-inflation » reste encore flou

Négociations 2023 sous très haute tension : seulement 54% de contrats conclus contre 80% habituellement à cette période

À une semaine de la clôture de ces négociations commerciales, seulement 54% des industriels ont signé tous leurs contrats avec leurs clients distributeurs, a indiqué ce mercredi l'Ania, principale organisation de l'industrie agroalimentaire, à l'AFP. Un taux inhabituellement bas car, d'ordinaire, à la même période, il est plutôt de 80%.

« En général, 80% des industriels ont signé à cette époque de l'année, et là, on en est encore très loin. (...) Nous sommes un peu inquiets chaque année, mais c'est rare que tant d'entreprises n'aient pas signé aussi tard », a souligné une porte-parole de l'Ania.

Pour l'Ania, « certains distributeurs vont attendre la dernière minute, jouer la montre et signer entre le 28 février et le 1er mars », date butoir de ces négociations, évoquant par ailleurs « beaucoup de menaces de déréférencement de produits » de la part des supermarchés s'ils n'obtiennent pas les prix souhaités.

Sur le sujet des négociations commerciales, « s'il y a une inquiétude à avoir cette année, c'est sur un certain nombre d'industries agroalimentaires », a de son côté estimé mercredi le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau. Il a précisé que le gouvernement travaillait à un plan de soutien à l'industrie agroalimentaire, certaines entreprises ayant fortement puisé dans leur trésorerie en 2022 et n'étant, selon lui, pas capables de faire de même en 2023.

 (avec AFP)

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Commentaires 14
à écrit le 27/02/2023 à 13:14
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Merci Monsieur Édouard Leclerc , l'industrie alimentaire n'a pas compris que de vouloir trop gagner d'argent ils vont perdre (on le voit aujourd'hui dans l' industrie des vêtements de la chaussure )

à écrit le 24/02/2023 à 20:31
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Pourquoi ne pas prévenir le consommateur de façon visible... Ceci afin d'acheter ou de boycotter consciemment

à écrit le 24/02/2023 à 9:04
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Vu les brillants résultats de l'industrie informatique française dans le passé CII , Bull j'ai de gros doutes quant à la présence de la France dans la compétition, et une improbable éventuelle pépite française sera vite contrainte de se vendre à un c...

à écrit le 24/02/2023 à 9:01
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Vu les brillants résultats de l'industrie informatique française dans le passé CII , Bull j'ai de gros doutes quant à la présence de la France dans la compétition, et une improbable éventuelle pépite française sera vite contrainte de se vendre à un c...

à écrit le 24/02/2023 à 7:25
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De toute façon c'est le consommateur en bout de chaîne qui payeras

à écrit le 23/02/2023 à 21:00
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En même temps personne n'est obligé d'acheter en grande surface des produits qui n'ont rien d'essentiel pour se nourrir correctement. La liste est incommensurablement plus longue des produits inutiles et de piètre qualité que celle de ceux nécessai...

à écrit le 23/02/2023 à 20:09
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Les salaires ne bougent pas ... La revolution va arriver

à écrit le 23/02/2023 à 19:54
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Comme d'habitude les gardiens de la révolution commerciale nous propose des larmes et du sang pour ponctionner au maximum nos bas de laine... Pour ma part, mon budget alimentaire est fixé et je rivaliserai de créativité culinaire pour le respect...

à écrit le 23/02/2023 à 18:53
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Michel Edouard-Leclerc est un excellent communiquant qui se garde bien de dire qu'il ne se prive pas d'essorer ses fournisseurs avec les marges arrières et autres participations aux campagnes publicitaires .... et qu'au final sous prétexte de défendr...

à écrit le 23/02/2023 à 18:03
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Y a qu à Bouffer moins de cochonneries , moins de grignotzge - 1 français sur 2 en surpoid, 1/6 erst obèse/ selon l’oms- et de produits transformés.. perso depuis 1 an suis en cycle court et saisonnier , je fais la cuisine … je ne vais jamais chez l...

à écrit le 23/02/2023 à 18:03
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Y a qu à Bouffer moins de cochonneries , moins de grignotzge - 1 français sur 2 en surpoid, 1/6 erst obèse/ selon l’oms- et de produits transformés.. perso depuis 1 an suis en cycle court et saisonnier , je fais la cuisine … je ne vais jamais chez l...

à écrit le 23/02/2023 à 17:32
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On laisse entrer en France la misère du monde. Celle-ci maintenant réclame un chèque alimentaire. La France ressemble de plus en plus à un gigantesque ZOO à qui on distribue à ses citoyens des aides à tour de bras.

à écrit le 23/02/2023 à 16:12
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Comment va ton faire pour manger correctement si les prix vont exploser, c'est pas l'état ni Mr lemaire qui va nous aider, l'état a beau dire Ukraine, chaleur et après ce sera quoi, on y arrive déjà pas maintenant alors après nous ferons les poubelle...

le 23/02/2023 à 19:02
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Mais non, commencez par consommer des produits naturels , cuisinez les vous même plutôt que d'acheter des produits industriels et vous ferez déjà de belles économies . J'ai épluché les catalogues de la grande distri récupérés dans ma boite à lettr...

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