Petits boulots, missions...comment dégager un revenu lorsqu'on est étudiant et face au Covid

ÉPISODE 1/2. Dès le premier confinement, « 58% des étudiants qui exerçaient une activité ont arrêté, réduit ou changé leur activité rémunérée », dévoilait en septembre une enquête de l'Observatoire de la Vie Étudiante (OVE). Pourtant, à l'heure d'un possible troisième confinement, certains s'en sortent grâce aux plateformes de freelancing sur le Web ou encore à des petits boulots créés par cette crise. La Tribune a passé en revue ces solutions.
Face à la disparition des petits boulots en physique, les étudiants s'adaptent et trouvent des jobs en ligne.
Face à la disparition des petits boulots en physique, les étudiants s'adaptent et trouvent des jobs en ligne. (Crédits : REUTERS/Dado Ruvic)

Babysitting, aide aux devoirs à domicile, hôtes d'accueil, serveurs... en France, près de la moitié des jeunes (46%) ont un emploi en parallèle de leurs études, selon une enquête menée par l'Observatoire de la Vie Étudiante (OVE) en 2016. Mais depuis la pandémie de Covid-19, les mesures de distanciation sociale ont donné un coup d'arrêt à ces opportunités de travail. Face à l'urgence financière, les jeunes et les étudiants redoublent d'efforts pour trouver des petits boulots. Note d'optimisme dans le marasme économique actuel : ils trouvent la parade. Jobaviz, Staffme, Superprof... Les plateformes dédiées aux étudiants proposent notamment des emplois dans la santé ou le digital pour soutenir les entreprises et les laboratoires.

Les jeunes, premières victimes de la crise

Pourtant, tous les indicateurs montrent que les jeunes sont en première ligne de la crise. Ainsi, 38% des étudiants qui avaient un petit boulot ont perdu leur emploi avec le confinement de mars, une proportion encore plus élevée chez les jeunes de moins de 20 ans, selon le rapport "La vie d'étudiant confiné" publié par l'OVE en septembre.

En cause, les mesures sanitaires qui ont fortement réduit les opportunités. Spécialisé dans le recrutement en ligne pour les grands groupes et les startups tech, le site Welcome to the Jungle fait ce constat. « L'offre pour les jeunes a diminué de 25% pendant le premier confinement », explique Camille Fauran, directrice générale de la plateforme, contactée par La Tribune.

Lire aussi : Emploi : les obstacles se multiplient sur le parcours d'insertion des jeunes

Outre les opportunités, ce sont leurs sources de revenus qui se tarissent. Ceux qui ont dû interrompre leur activité ont perdu en moyenne 274 euros par mois, précise le rapport de l'OVE.

Ces chiffres montrent que le risque de précarité est plus élevé dans la tranche d'âge des 15-24 ans. Compte bancaire à zéro, troubles psychologiques... de nombreux étudiants sombrent dans la détresse. Ils sont aussi de plus en plus nombreux à se rendre aux banques alimentaires : à Strasbourg, par exemple, la fréquentation du Secours populaire a bondi de 40% dans le contexte de l'épidémie, affirme à l'AFP, Camille Vega, secrétaire générale du Secours populaire dans le Bas-Rhin. Les deux distributions organisées dans la ville depuis plusieurs jours ont permis d'aider 238 étudiants, dont la plupart ne sont pas boursiers, précise-t-elle.

La mobilisation des plateformes de freelancing

De leur côté, les plateformes dédiées aux jeunes redoublent d'efforts pour rester visibles auprès de cette cible. Dans une étude mise à jour le 16 avril 2020, le site d'offre d'emplois Indeed montre que « la plupart des secteurs accusent des baisses (d'offres) en tendance comprises entre 30 et 50 % » pendant le premier confinement. Les sites de jobs étudiants se concentrent aujourd'hui sur trois secteurs : la grande distribution, la santé et toutes les tâches réalisables en télétravail.

Tous les secteurs en forte baisse, un impact plus modéré sur la santé

Au 16 avril 2020, l'offre d'emploi est en forte baisse dans la plupart des secteurs, l'impact est plus modéré dans la santé.

Le rôle des grandes surfaces

De même, les emplois étudiants sont un outil de flexibilité pour les enseignes alimentaires. Avant la pandémie, celles-ci faisaient surtout appel aux jeunes pour combler des absences imprévues ou pour faire face à des pics d'activité saisonniers. Dans un contexte d'incertitude sanitaire, leur statut d'indépendant et les missions qui leur sont confiées, souvent ponctuelles et temporaires, permettent aux grandes surfaces de s'adapter aux variations de l'activité.

Système U par exemple, 4e enseigne alimentaire en France, a développé des emplois commerciaux et logistiques étudiants pour réapprovisionner les stocks. Ces offres ont ensuite été diffusées par les plateformes de recherche d'emploi. Par exemple, le site Indeed relaie des annonces d'employé commercial ou d'aide en rayon pour des durées de deux mois ou plusieurs heures par semaine. Jobaviz, le site d'emploi du Crous, propose aussi plusieurs offres dans le secteur de la grande distribution.

Les "testeurs" Covid-19

En raison de la nécessité de tester la population au Covid-19, le secteur de la santé a également vu sa main d'œuvre estudiantine fortement augmenter. En toute logique, l'activité médicale n'a pas connu de chute massive de l'emploi. Selon l'étude menée par Indeed, au 16 avril 2020, les soins infirmiers connaissaient une hausse de 1,7% par rapport à 2019.

La plateforme Staffme, qui met en relation entreprises et étudiants pour des missions ponctuelles, a développé son offre médicale dès la fin du premier confinement. Le site « a attiré des centaines de jeunes étudiants en santé pour réaliser des tests PCR et antigéniques », expliquait-il dans un communiqué publié fin décembre. Ces prestations sont rémunérées 25 euros de l'heure. Outre ces prélèvements, Staffme propose aussi des tâches logistiques dans les centres de santé aux jeunes qui n'ont pas de formation médicale.

Grâce à l'adaptation des missions au contexte sanitaire, le nombre d'inscrits sur la plateforme a augmenté de 20% par-rapport à 2019. « L'offre du côté des entreprises est ralentie, mais les étudiants comprennent bien que la situation est compliquée », indique Jean-Baptiste Achard, co-fondateur de Staffme, à La Tribune.

La numérisation des missions

En plus de renforcer les rares petits boulots réalisables sur site, la crise a poussé le télétravail. Surtout prisées par une « élite étudiante senior », les missions de conseil ou de création de contenus Web se sont ouvertes à un plus large public, ajoute Jean-Baptiste Achard. Par exemple, le site Tallengers.com met en relation des « étudiants créatifs », micro-entrepreneurs, avec des particuliers ou des entreprises pour des missions de graphisme.

Autre exemple de la transformation des petits jobs : les cours particuliers. Très nombreux à faire du coaching scolaire en parallèle de leur formation, les étudiants se sont adaptés au confinement. Les logiciels tels que Skype ou Zoom ont permis aux plateformes de soutien scolaire de maintenir et même augmenter leurs offres. Qu'ils soient passionnés de piano, de mathématiques ou de littérature, le site Superprof.fr leur propose toute l'année de transmettre leurs connaissances contre rémunération. La communauté des « Super professeurs » compte aujourd'hui plus de 13 millions de personnes dans près de 28 pays.

Les solutions de l'État pour tenter de limiter les dégâts

Les solutions pour les jeunes ne se trouvent-elles que dans le secteur privé ?

Pour les aider à retrouver du travail, le Premier ministre Jean Castex a annoncé fin novembre la création de « 20.000 jobs étudiants » pour accompagner « les décrocheurs » durant les deux premières années de leurs études. Ce plan représente un investissement de 50 millions d'euros pour des contrats de 4 mois à raison de 10 heures par semaine. Il s'ajoute ainsi aux 1.600 étudiants déjà recrutés par le Crous.

Face à la détresse des jeunes, le gouvernement a aussi promis plusieurs mesures comme la fourniture de deux repas par semaine à un euro ou le « chèque psy.» Mais ces déclarations sont jugées insuffisantes par le syndicat étudiant La Fage qui demande le versement « d'aides financières pérennes ». De son côté, la maire du 7e arrondissement de Paris, Rachida Dati, appelle à l'instauration d'un « revenu minimum » pour les étudiants précaires.

Lire aussi : COVID-19 en 24h : « chèque psy » pour les étudiants, PSE, vaccin russe...

(avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 02/02/2021 à 8:40
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Heureusement qu'une société a ses jeunes et ses actifs sur lesquels pourtant elle s'acharne sans arrêt, comment voulez vous avancer ?

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