Crise de l'énergie : les entreprises françaises très en retard dans leur plan de sobriété

Près de trois quart (74%) des entreprises n'ont pas prévu de plan spécifique pour baisser leur consommation d'énergie selon le dernier baromètre de la Grande consultation des entrepreneurs réalisé par OpinionWay pour CCI France, La Tribune et LCI. À l'approche de l'hiver, ce retard criant ravive le spectre d'une coupure brutale d'énergie.
Grégoire Normand
Asphyxiée par la hausse des prix de l'énergie, la célèbre verrerie Duralex va mettre son four en veille durant minimum quatre mois à partir de novembre et placer l'ensemble de ses salariés en chômage partiel pour économiser de l'énergie et préserver ses finances.
Asphyxiée par la hausse des prix de l'énergie, la célèbre verrerie Duralex va mettre son four en veille durant minimum quatre mois à partir de novembre et placer l'ensemble de ses salariés en chômage partiel pour économiser de l'énergie et préserver ses finances. (Crédits : Reuters)

« On doit tous se bouger » a exhorté Emmanuel Macron au début du mois de septembre. Après un été marqué par des sécheresses et des records de chaleur écrasante, le gouvernement a présenté sa feuille de route pour lutter contre l'explosion des prix de l'énergie. L'enlisement de la guerre en Ukraine et les tensions géopolitiques en Europe font craindre un hiver douloureux en France. Dans ce contexte troublé, l'exécutif a mis la pression sur les entreprises pour qu'elles mettent en œuvre un plan de sobriété énergétique afin d'éviter des rationnements et des coupures au cours des prochains mois. La Première ministre Elisabeth Borne a demandé aux entreprises et aux ménages de réduire leur consommation d'énergie de 10% avant un bilan prévu entre fin septembre et début octobre. Un mois après cet appel, une vaste majorité d'entre elles ne s'est pas encore attaquée à ce sujet de taille.

D'après la dernière Grande consultation des entrepreneurs (GCE) réalisée par OpinionWay pour CCI France, La Tribune et LCI, 74% des entreprises interrogées n'ont pas prévu de réduire leur consommation d'énergie. À l'opposé, 23% des dirigeants ont expliqué qu'ils avaient un objectif d'économie d'énergie. Dans le détail, ce sont surtout les entreprises dans l'industrie (32%) qui ont répondu par l'affirmative. Dans les services (22%) ou la construction (21%), cette proportion est beaucoup plus faible. Il faut rappeler que l'industrie est particulièrement exposée dans cette crise énergétique. Récemment, le ministre de l'industrie Roland Lescure a indiqué que près de 300 entreprises risquent de se retrouver en difficulté avant la fin de l'année dans le contexte de l'envolée des prix.

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Beaucoup d'entreprises en retard

Parmi les entreprises (23%) qui ont prévu des mesures de sobriété, plus de la moitié (52%) affirment qu'elles ont établi un plan de conception ou sont au début de la mise en œuvre de ce plan. Les entreprises industrielles sont les plus avancées (71%). Viennent ensuite la construction (68%), le commerce (50%) ou les services (46%). Les entreprises de 10 salariés ou plus (74%) sont également en proportion plus en avance que celles de moins de 10 salariés (50%).

A l'inverse, 48% des directions interrogées affirment être dans la mise en œuvre ou ont presque fini. Cette fois-ci, les entreprises du tertiaire sont majoritaires (54%) à affirmer que leur plan est presque à la fin de la mise en œuvre ou complètement établi. Arrivent ensuite, le commerce (54%), la construction (30%) ou encore l'industrie (29%).

Vigilance sur le gaspillage d'énergie et nouveaux équipements plus efficaces

Une très large majorité (92%) des entreprises qui ont entrepris des mesures de sobriété pour faire face à la flambée des prix mettent l'accent sur la vigilance relative au gaspillage d'énergie dans les bureaux. 60% envisagent de remplacer des équipements par des nouveaux plus efficaces (parc automobile, chauffage, informatique, machines-outils).

Près d'un tiers (35%) des dirigeants prévoient d'effectuer des travaux sur les bâtiments pour améliorer leur efficacité. Enfin, 28% des directions projettent d'installer des capacités de production d'énergie renouvelable pour assurer la consommation de leur entreprise.

Concernant le télétravail, un quart des entreprises prévoient d'inciter les salariés à cette forme d'organisation. C'est d'ailleurs l'une des préconisations de l'agence internationale de l'énergie pour baisser la consommation. A l'opposé, seule une minorité (7%) d'entreprises prévoient de réduire leur activité et 21% anticipent de remettre en question le modèle économique de l'entreprise. La plupart des sociétés interrogées privilégient donc des petits gestes.

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Le moral des patrons miné par la crise énergétique

Confrontés à une flambée des prix de l'énergie depuis plusieurs années, les patrons  redoutent des coupures d'énergie à l'approche de l'hiver. Dans ce contexte assombri, l'indicateur qui mesure la confiance des chefs d'entreprise a brutalement chuté entre juillet et septembre perdant plus de 13 points. Après avoir atteint un creux au moment de l'éclatement de la guerre en Ukraine, le moral des dirigeants s'était progressivement redressé pour retrouver un niveau comparable à janvier dernier (80).

Concernant les perspectives, les niveaux de confiance sont également en chute libre. 61% des entrepreneurs sont confiants dans l'avenir de leur entreprise contre 69% en juillet dernier. L'érosion de la confiance est également marquée sur les perspectives de l'économie mondiale (-6 points à 14%) et de l'économie française (-4 points à 20%). La plupart des économistes et des instituts de prévision ont révisé à la baisse leurs projections pour 2023. En Europe, la menace de récession se précise en Allemagne, très dépendante de l'énergie russe pour faire tourner les moteurs de son industrie.

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L'inflation, une source d'inquiétude toujours aussi pressante

La succession des crises ces dernières années (pandémie mondiale, guerre en Ukraine) a propulsé l'indice des prix vers des sommets. Huit mois jour pour jour après le début du conflit en Ukraine, les prix à la consommation demeurent à un niveau très élevé en Europe. Face à cette explosion des prix, 74% des entreprises affirment qu'elles sont encore plus attentives que d'habitude à leurs charges. Ce ratio atteint 78% dans l'industrie contre 73% dans les services.

Près de la moitié des entreprises interrogées considèrent que l'inflation pourrait avoir des répercussions sur leur viabilité. Enfin, 23% des dirigeants indiquent que leur entreprise rencontrent des difficultés pour être payées dans les temps par leurs clients. Après les deux longues années de pandémie et l'enlisement du conflit, les perspectives s'assombrissent pour 2023.

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(*)Méthode : étude réalisée auprès d'un échantillon de 630 dirigeants d'entreprise. L'échantillon a été interrogé par téléphone entre le 8 et le 14 septembre dernier. La représentativité de l'échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur d'activité et la taille de l'entreprise, après stratification et région d'implantation.

Grégoire Normand
Commentaires 3
à écrit le 28/09/2022 à 22:45
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Verreries: vous devez adopter le solaire thermique, la thermoacoustique et les micro-ondes.

le 29/09/2022 à 8:32
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c'est bien plus simple il est question d'en finir avec les industries en france il pollue et coute trop d'electricite et de gaz alors il faut les faire partir comme par le passe avec la siderurgie le papier mis en cause par ls ecolos et combie...

le 29/09/2022 à 8:33
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c'est bien plus simple il est question d'en finir avec les industries en france il pollue et coute trop d'electricite et de gaz alors il faut les faire partir comme par le passe avec la siderurgie le papier mis en cause par ls ecolos et combie...

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