Édouard Philippe présente son plan pour relancer les exportations

Par Grégoire Normand  |   |  985  mots
Édouard Philippe devrait insister sur l'accompagnement et le financement à l'export, ainsi que la formation, en particulier l'apprentissage de l'anglais, ont indiqué des sources gouvernementales. (Crédits : Gonzalo Fuentes)
Édouard Philippe a confirmé la mise en place d'un guichet unique regroupant Business France et les Chambres de commerce et d'industrie (CCI) pour tenter d'enrayer le déficit commercial de la France.

Le Premier ministre Édouard Philippe et le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian ont fait un déplacement, ce vendredi, dans la région des Hauts de France où ils ont annoncé des mesures pour relancer les exportations françaises. Le commerce extérieur demeure un gros point noir de l'économie tricolore depuis le début des années 2000. Pour tenter de muscler la présence de la France dans le commerce international, le gouvernement veut engager des réformes. Le plan a été dévoilé à la suite d'une conférence intitulée "Team France Exports" sur le campus de l'EDHEC Business School à Roubaix. Alors que le commerce extérieur constitue le principal moteur de la croissance allemande, les annonces du gouvernement devraient être très attendues par les chefs d'entreprise français qui veulent se développer à l'international.

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Regroupement des acteurs

Pour renforcer les ventes de biens et de services à l'étranger, M. Philippe a confirmé une mesure déjà connue : le regroupement des acteurs de l'exportation, l'agence publique Business France et les Chambres de commerce et d'industrie, au sein de guichets uniques placés sous l'autorité des régions en France. Lors de la consultation publique organisée dans le cadre de la loi Pacte, cette proposition avait été mise en avant par le ministère :

"Actuellement, les acteurs du dispositif public d'appui à l'export (Business France, Chambre de commerce et d'industrie en France et à l'étranger, Conseillers du commerce extérieur, banques, assureurs-crédits privés, Bpifrance, etc.) interviennent souvent individuellement et de manière dispersée auprès des entreprises. Pour améliorer la lisibilité du dispositif d'accompagnement à l'export, tout particulièrement pour les plus petites entreprises, il est proposé de créer un guichet unique, en partenariat avec les régions".

Cette logique doit également prévaloir à l'étranger: dans huit pays-test (Singapour, Japon, Philippines, Hong-Kong, Russie, Norvège, Belgique, et Espagne), "Business France concèdera son activité à des structures privées capables de fournir des services de même qualité".

Quant au financement à l'export, il sera plus orienté vers les PME. Le dispositif sera simplifié "pour se mettre au niveau des principaux concurrent à l'exportation", ont précisé plusieurs sources à l'Agence France Presse. Le rôle de la banque publique Bpifrance comme point d'entrée unique en matière de financement public sera notamment renforcé. Dans le cadre de la future loi Pacte, la conquête de marchés à l'international pour les PME fait partie des chantiers prioritaires exprimés par Bruno Le Maire. Lors d'une conférence de presse devant les acteurs du monde économique, le locataire de Bercy avait évoqué la possibilité d'accroître la formation en commerce international des patrons de PME.

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 Dans un communiqué, les chambres de commerce et d'industrie ont salué "les annonces du gouvernement sur le commerce extérieur, particulièrement la création de guichets uniques en régions, CCI-Business France, et la mise en place de concessions de service public à l'étranger auxquelles les CCI Françaises à l'International (CCI FI) pourront candidater."

Apprentissage de l'anglais

Le faible niveau d'anglais des Français est régulièrement évoqué dans les études réalisées par les institutions internationales. Pour tenter de remédier à cela, l'exécutif  a annoncé la mise en place d'un financement pour obtenir une certification internationale pour le Toefl, par exemple. Il devrait pouvoir profiter aux élèves de terminale jusqu'en troisième année de licence. Cette mesure devrait monter en puissance dans les trois années à venir. En outre, la formation au commerce international devrait être renforcée dans quelques BTS.

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Pertes de marché à l'export

Ces annonces interviennent alors que la part des exportations françaises dans le commerce mondial diminue régulièrement. Dans une étude publiée en janvier dernier, l'institut COE-Rexecode soulignait très bien que "aucun rattrapage des pertes des parts de marché accumulées par la France depuis le début des années 2000 n'est amorcé et le recul de la position française s'est même légèrement accentué." Le poids des exportations françaises de biens et services dans le total des exportations de la zone euro a légèrement reculé en 2017. Elle est passée de 13,2% en 2016 à 12,9% l'année dernière, contre 17% en 2000. La baisse des exportations françaises par rapport à celles de la zone euro constitue "une tendance majeure de l'économie française depuis le début des années 2000" rappellent les auteurs de l'étude. Les économistes expliquent que la désindustrialisation de la France, sa perte de compétitivité hors-prix et la montée des économies émergentes ont contribué à accélérer la perte de vitesse de la France dans le commerce mondial.

"La première cause du recul des positions françaises est la part croissante des économies émergentes, notamment de la Chine, dans les exportations mondiales. L'essor des économies émergentes dans le commerce mondial a affecté tous les pays avancés, mais la France a perdu plus de parts de marché que ses principaux partenaires de la zone euro."

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Par ailleurs, le solde commercial de la France s'est encore alourdi en 2017 passant de -48,3 milliards en 2016 à -62,3 milliards d'euros. Selon les douanes, cette dégradation s'explique "majoritairement par celle de la facture énergétique : après quatre années consécutives de baisse, elle repart à la hausse. De plus, le déficit manufacturier se creuse de nouveau, en raison d'une nette reprise des achats de biens intermédiaires, sous l'effet de l'accélération de l'activité économique".

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