Guerre en Ukraine : la moitié des exportateurs français redoutent des impayés

Près d'un quart des entreprises exportatrices tricolores s'attendent à une baisse de leur chiffre d'affaires en 2022, selon la dernière vaste enquête menée par Allianz Trade (ex-Euler Hermes). C'est 20 points de plus que lors de la période pré-guerre.
Grégoire Normand
Avant la guerre en Ukraine, un tiers des entreprises françaises redoutaient des impayés.
Avant la guerre en Ukraine, un tiers des entreprises françaises redoutaient des impayés. (Crédits : Reuters)

L'onde de choc de la guerre en Ukraine sur l'économie française se poursuit. Plus d'un mois après l'invasion de la Russie, les atrocités continuent de se multiplier sur tout le territoire. Alors que le conflit s'enlise et que les Occidentaux veulent muscler les sanctions à l'encontre du Kremlin, les conséquences de cette guerre se précisent. Dans une vaste étude dévoilée par Allianz Trade (ex Euler Hermes) ce mardi 12 avril, les économistes tablent sans surprise sur une baisse de l'activité pour les entreprises tricolores à l'export.

"Nous avons dû réviser à la baisse nos prévisions de croissance assez fortement. La plupart des révisions viennent des pays les plus exposés au conflit. L'inflation a été révisée à la hausse", a déclaré Ana Boata, directrice de la recherche macroéconomique chez Allianz Trade lors d'un point presse.

Après deux années particulièrement difficiles pour le commerce extérieur français, l'éclatement de cette guerre aux portes de l'Union européenne risque une nouvelle fois de plonger beaucoup d'entreprises en eaux troubles. Les derniers chiffres du commerce extérieur publiés ce mardi 12 avril montrent une amélioration mais ils concernent uniquement le mois de février. En outre, la multiplication des confinements en Chine sème le chaos sur de nombreuses chaînes d'approvisionnement en Asie et par ricochet dans le reste du monde. Enfin, la multiplication des sanctions à l'encontre de la Russie pourrait rebattre les cartes de la mondialisation commerciale.

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Un pessimisme rampant chez les exportateurs français

La guerre en Ukraine a considérablement affecté le moral des entreprises exportatrices dans l'Hexagone. La proportion de répondants à l'enquête anticipant une hausse du chiffre d'affaires en 2022 a dégringolé passant de 94% à 78% après l'invasion de l'Ukraine. "Sans surprise, il y a plus de pessimisme chez les exportateurs. Les Français et les Italiens sont plus pessimistes. La majorité des répondants en 2021 espéraient augmenter leur chiffre d'affaires à l'export", poursuit Ana Boata.

"En Italie et en France, où les entreprises étaient les plus optimistes avant la guerre, respectivement 29% (+26 pts) et 23% (+20 pts) des exportateurs s'attendent désormais à une baisse de leur chiffre d'affaires à l'export en 2022", expliquent les auteurs de l'étude. Le rebond de l'économie mondiale en 2021 et la réouverture des économies, avec l'accélération de la vaccination à l'échelle de la planète, avaient redonné des lueurs d'espoir dans les milieux économiques et financiers mais la guerre a complètement changé la donne.

Les prix de l'énergie, principal motif d'inquiétude des chefs d'entreprise

La reprise économique en 2021 avait entraîné des tensions sur les prix sans vraiment affoler les entreprises en Europe. L'année dernière, le premier motif d'inquiétude concernait la demande freinée par les vagues épidémiques. Arrivaient ensuite les pénuries et les coûts de la main-d'oeuvre et enfin les prix élevés de l'énergie. L'éclatement de la guerre en Ukraine a complètement chamboulé l'ordre des craintes dans les milieux d'affaires. La part des répondants Français exprimant des inquiétudes à l'égard de la montée des prix a bondi de 9 points par rapport à 2021 à 46%. Ce ratio reste néanmoins inférieur aux autres voisins européens.

En Italie (66%, +20 points vs pré-invasion), au Royaume-Uni (62%, +15 points) ou encore en Allemagne (52%, +18 points), les hausses sont bien plus spectaculaires. Dans ces pays, la dépendance au gaz russe peut avoir des répercussions sur l'économie. L'Allemagne est actuellement en position très délicate pour couper ses importations de gaz alors que son industrie traverse une zone de turbulences particulièrement tendue.

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La moitié des entreprises françaises exportatrices confrontées aux risques d'impayés

Le conflit en Ukraine a considérablement accru les tensions entre les entreprises et leurs fournisseurs. Interrogées après l'entrée en guerre de la Russie sur le sol ukrainien, 50% des entreprises tricolores tablent désormais sur un risque d'impayés et un tiers s'attendent à un allongement des délais de paiement. Avant le conflit, un tiers des entreprises anticipait ce risque d'impayés.

Lors d'une réunion à Bercy il y a quelques semaines, le médiateur des entreprises Pierre Pelouzet avait tiré la sonnette d'alarme sur les répercussions particulièrement néfastes de l'allongement de ces délais de paiement et ces risques d'impayés. Il avait notamment annoncé que "les comités de crise mis en place pendant la pandémie vont perdurer."

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Un déficit commercial record en 2021

Les effets de la guerre en Ukraine menacent le commerce extérieur tricolore alors que la France a enregistré le pire déficit commercial de son histoire en 2021 à environ 84 milliards d'euros.  Le solde s'est aggravé sous l'effet de "l'énergie, et dans une moindre mesure, par les produits manufacturés", précisent les douanes dans leur communiqué.

L'aggravation du déficit s'explique "par un rebond plus marqué des importations (+18,8% après -13% en 2020) que des exportations (+17% après -15,8%)", explique cette même source. Jusque-là, le déficit commercial le plus important avait été enregistré en 2011, avec 75 milliards d'euros.

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Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 14/04/2022 à 18:25
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En parlant d'impayés, il y a eu un grand ménage sur - dc point isda point org -. Le dernier défaut semble dater de 2018. Adieu russian raillways et quelques immobiliers chinois et autres balivernes. Coté enchères on en reste a europcar du 13/01/21 où...

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