« Il y a un "Produit du bonheur brut dans les villages" à inventer » Stéphane Bern

THE VILLAGE 2019 - RURALITÉ | La voix des villages de France livre son regard sur les « gilets jaunes » et les municipales 2020. Trois question à Stéphane Bern
Jeanne Dussueil
(Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Quel message souhaitez-vous faire passer aux maires dans la perspective des municipales de 2020 ?

STÉPHANE BERN - Il faut faire comprendre aux maires que le patrimoine n'est pas un luxe mais une nécessité. Ce n'est pas un coût mais un investissement pour le développement touristique de leur village. S'ils veulent doper l'économie de leur commune et développer l'attractivité du territoire pour les entreprises et pour l'emploi, il est important de défendre le patrimoine. De plus, le patrimoine est aussi créateur de richesses et d'emplois. Les pierres nourrissent les hommes et les femmes.

Êtes-vous davantage concerné par la fracture entre Paris et les territoires ruraux depuis les « gilets jaunes » ?

Oui, je suis très frappé par cette fracture. Mais je n'ai pas attendu la crise des « gilets jaunes » pour m'en préoccuper. J'ai le sentiment que lorsque je suis à Paris, on considère que j'ai un cerveau et dès que j'arrive dans le Perche, je suis sensiblement moins bien traité : je ne peux plus téléphoner car je n'ai plus de réseau mobile, et je suis obligé de prendre ma voiture.

Tout devient ridicule. J'ai aussi l'impression que ce que je mange est moins bon. J'ai pris conscience de ce fossé qui s'est creusé entre la ville et la campagne, alors que je me sens plus heureux dans cette dernière. Il faut peut-être arrêter d'envoyer les gens dans les périphéries des grandes villes où ils seront malheureux. Il serait peut-être judicieux de les inciter à comprendre que l'on peut aussi créer de la richesse, du bonheur et du bienêtre à la campagne... Il y a un « produit du bonheur brut dans les villages » à inventer.

On se sent mieux à la campagne.

Les offres d'emplois sont pourtant moindres, que répondez-vous aux jeunes en recherche de travail ?

Le travail ne manque pas. Il y a beaucoup d'emplois qui sont en train de se créer mais on n'a pas encore les formations et les compétences. Or il y a l'argent pour former les gens. Il faut donc accepter de se former mais aussi d'embrasser la mobilité. C'est pour cela que j'incite les gens à acheter des longères à retaper plutôt que des lotissements qui ne vaudront plus rien dans quelques années. On revend beaucoup mieux une longère située dans les centres-bourgs.

Jeanne Dussueil
Commentaires 3
à écrit le 06/09/2019 à 11:28
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En attendant les "hyper-heureux" des campagnes se battent avec un ADSL digne des années 1980, des lignes cuivres défectueuses ou coupées sans préavis et non remplacées par la fibre. Vive la nature : plus besoin de téléphone ni d'internet. Il suffit ...

à écrit le 06/09/2019 à 9:40
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C'est sur que les entreprises et leurs salariés vont s’implanter/investir là ou il n'y a ni école ni toubibs ni poste ni gare, loin des autoroutes. L'important pour elles est que le lavoir soit rénové. C'est beau la ruralité vue de Paris.

à écrit le 06/09/2019 à 9:25
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Qui achète encore des propriétés bourgeoises, et autres vieux manoirs, pour passer son week end à bricoler et tondre les pelouses, et se faire assassiner par taxe d'habitation et taxes foncières? Je crois que l'on ne voit pas le désastre qui se prépa...

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