Face à la crise, les investisseurs immobiliers freinent des quatre fers. Les volumes investis dans les bureaux, commerces, entrepôts et autres activités professionnelles ont chuté de 22% en un an, atteignant 17,5 milliards d'euros à fin septembre 2020. «Avec le Covid, les transactions les plus importantes ont du mal à se faire. Les investisseurs qui mettent souvent des fonds propres dans leur emprunt sont plus frileux et se recentrent sur des plus petits contrats», indique Vincent Delattre, Directeur Investissement Régions au sein de la société de conseil JLL France, à La Tribune.
Toutefois, malgré ce ralentissement généralisé de l'activité immobilière, les régions se montrent particulièrement résilientes. «Alors que l'Ile-de-France connait une chute annuelle de 31% à fin septembre, le volume des transactions baisse de seulement 5% en régions», précise Vincent Delattre.
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Premier constat, depuis 2014, les investisseurs se sont tournés en masse vers les grandes métropoles. Une tendance particulièrement visible sur les trois premiers trimestres de 2019, puisque les fonds d'investissement - tel que l'américain Blackstone Group - ont investi plus de 2,6 millards d'euros sur les cinq villes présentées dans le graphique (Marseille, Toulouse, Bordeaux, Lille et Lyon), note JLL France. Cinq ans plus tôt, ces villes représentaient un montant d'environ 850 millions d'euros investis, soit trois fois moins. «Les grandes métropoles sont intéressantes puisque les risques sont davantage mesurés. Il y a un phénomène de "métropolisation" de la France qui est indéniable», estime Vincent Delattre.
Sur 2020, aucune de ces métropoles n'a connu de chute vertigineuse. Lille, qui arrive deuxième (après Lyon - en excluant Paris), se retrouve presque au même niveau qu'en 2018 avec 384 millions d'euros d'investissement et Marseille s'en sort même mieux que l'an dernier avec 295 millions d'euros contre 192 millions l'an dernier. Les régions, dotées de plus de place que la capitale, profitent de l'explosion des investissements dans les entrepôts. Avec 1,9 milliard d'euros investis à fin septembre (+61% en un an), ces centres logistiques ont en effet été la classe d'actifs la plus prisée en régions et ont représenté 36% des montants investis, selon les données de la société JLL. Les bureaux, avec 1,7 milliard d'euros sur les trois premiers trimestres 2020, représentent quant à eux 32% et les commerces 28%.
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Autre constat, les investissements dans la ville de Lyon ont explosé depuis deux ans, atteignant un pic à plus d'1,5 milliard d'euros en 2019. «Il y a eu de très grosses transactions à Lyon en 2019 qui ont pesé pour la moitié des volumes investis. La cession de dizaine d'immeubles rue de la République, du fonds souverain d'Abu Dhabi Adia, a par exemple été une opération très importante», explique Vincent Delattre à La Tribune.
Face à cette montée en puissance des régions, la capitale est-elle totalement délaissée au profit d'autres métropoles ?Avec son quartier d'affaires, Paris n'a toutefois pas dit son dernier mot.
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Les montants investis dans l'immobilier d'entreprise de la capitale ont en effet stagné depuis six ans. Ils représentaient 11,5 milliards d'euros sur les trois premiers trimestres 2014 contre 11,6 sur 2020, soit une maigre augmentation de... 1%. Or, sur la même période, les investissements de la ville de Lyon ont été multiplié par 2,5. «Il y a six ou sept ans, Paris faisait 80% du volume investi en immobilier d'entreprises, maintenant on est plus près de 30% en région et 70% pour Paris », précise Vincent Delattre.
Paris conserve donc largement sa place de numéro 1 mais son attractivité diminue depuis plusieurs années, et la pandémie de Covid-19 ne joue pas en faveur de la capitale. La crise - et notamment l'explosion du télétravail qui l'accompagne - bouleverse en effet complètement l'immobilier de bureau, particulièrement en Ile-de-France. Sur le troisième trimestre, la surface des baux de location a chuté de 58% par rapport à la même période un an plus tôt, selon les données de JLL. Enfin, la vacance des surfaces professionnelles, est passée quant à elle de 5 à 6 % en un an dans la région.